Test de Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire réalisé sur Xbox Series X à partir d’une version fournie par l’éditeur.
- Survie | Horreur
- Développé et édité par Koei Tecmo
- PlayStation 4 | PlayStation 5 | Xbox One | Xbox Series X | Switch | PC – 9 mars 2023
- Sous-titré en français – PEGI 18
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La sortie chez nous de Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire était inespérée. Mais après les versions remasterisées de Project Zero : La Prêtresse des Eaux noires, Koei Tecmo resuscite, à la surprise générale, le quatrième épisode. Celui-ci n’avait jamais (officiellement) quitté le Japon. Mais depuis 2008, ce volet inédit réalisé par Suda51 a alimenté de très nombreux fantasmes. Désormais disponible en français, en « HD » et sur tous les systèmes du moment, on sait enfin si cette attente de quinze ans en valait véritablement la peine.
Test de Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire
Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire se déroule en 1980, peu avant la « trilogie originale ». Il raconte l’histoire de cinq fillettes qui disparaissent dans des circonstances énigmatiques, au cours d’un festival sur l’île de Rogetsu. Retrouvées et secourues, elles perdent toutefois la mémoire et n’ont aucun souvenir lié à cet événement. À l’adolescence, elles décident de retourner sur l’île pour percer les mystères de cette nuit d’il y a dix ans.
Pour ce faire, le joueur incarne tour à tour quatre personnages. Ruka Minazuki est native de l’île de Rogetsu. Madoka Tsukimori est son amie de longue date. Misaki Asō est la descendante de l’inventeur de la Camera Obscura. Chōshiro Kirishima, enfin, est l’agent de police qui a secouru le groupe de jeunes filles à l’époque.
La narration peut donc sembler confuse de prime abord, surtout si le joueur confond Ruka, Madoka et Misaki qui se ressemblent comme trois gouttes d’eau. Mais tout au long de l’aventure, le récit s’installe à l’aide de documents, de cassettes audio et de la découverte du folklore. Comme pour les autres épisodes, l’histoire est complexe mais véritablement passionnante, à condition de faire preuve d’attention pour ne pas perdre le fil. Heureusement, tout est consigné dans les archives du joueur et des résumés rappellent les détails à ne pas manquer.
Cet épisode vieux de quinze ans répond-il aux standards d’aujourd’hui ?
La comparaison avec Project Zero : La Prêtresse des Eaux noires est inévitable. Mais question game design, Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire ne paraît pas spécialement désuet par rapport à sa suite. Tout le monde n’accrochera pas aux particularités de la série, tels sa lenteur caractéristique ou ses combats à l’appareil photo. Car dans Project Zero, les personnages s’aventurent à pas de loups. Et pour se défaire de l’agressivité des fantômes, dans des environnements toujours plus exigus, le joueur doit les photographier. Le système est par ailleurs plus riche qu’il n’y paraît. En équipant divers films et objectifs, les clichés gagnent en efficacité. À l’aide de ressources que l’on découvre par-ci par-là, on peut même faire évoluer la Camera Obscura, ou la Torche Spirituelle dans le cas de Chōshiro.
Car comme dans Project Zero 3: The Tormented, les multiples personnages offrent des mécaniques légèrement différentes. Par exemple, celles du détective sont un peu plus orientées « action ». Mais dans les grandes lignes, il s’agit toujours de photographier ou d’éclairer un esprit au bon moment. En réalisant des combos, les personnages obtiennent des points à dépenser aux lanternes de sauvegarde. On peut notamment y acheter des objets de soin ou des films, facilitant la progression par rapport aux premiers épisodes. Ce quatrième volet est également moins propice à l’égarement. Le jeu est découpé en treize chapitres qui donnent accès à des zones plus restreintes, et les objectifs sont directement indiqués sur la carte.
Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire comporte enfin un contenu assez important. Au-delà de sa campagne d’une douzaine d’heures, on peut tenter de photographier chaque spectre pour les enregistrer dans un carnet prévu à cet effet. Soixante-dix-neuf poupées Hōzuki à collectionner sont également cachées dans les décors. Le jeu dispose enfin de différents niveaux de difficulté, dont le degré dit « horrible » pour découvrir une nouvelle fin. Le titre est donc loin de n’être qu’un « survival horror rigide comme on n’en fait plus » puisqu’il propose quelques idées d’accessibilité bienvenues et s’avère riche en à-côtés.
Comment adapter les mécaniques aux manettes dénuées de motion gaming ?
Car Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire n’est pas aussi rigide qu’on le prétend. Non, on ne contrôle pas un éléphant dans un magasin de porcelaine, comme moquent parfois les détracteurs de la série. Le joueur dirige (tant bien que mal) la caméra, les personnages peuvent effectuer des demi-tours rapides et sortir l’appareil photo est instantané. La sensation de manquer de souplesse vient en grande majorité des environnements, comme ces couloirs étroits où des fantômes barrent la route de part et d’autre. L’input mapping n’est pas toujours intuitif non plus malgré plusieurs pré-configurations, n’aidant pas à s’y retrouver dans la panique.
Mais on ressent tout de même l’absence de Wiimote parfois. En 2008, le joueur pouvait balader un faisceau de lumière en balayant l’écran via la télécommande. Aujourd’hui, ces contrôles sont attribués au stick droit mais le geste du personnage ne correspond pas toujours exactement à la direction que l’on souhaite. On a découvert au cours du test qu’un maintien de LB tout en déplaçant le stick offrait davantage de précision. Pourquoi ? Cela ne pourrait avoir qu’une incidence mineure sur le gameplay. Mais pour découvrir des objets à ramasser dans les décors, il faut d’abord les « toucher » à l’aide de sa lampe. Il n’est donc pas rare qu’une lueur indique la présence d’un objet à proximité, mais que l’on peine à le faire apparaître en bonne et due forme.
Les combats à l’appareil photo sont parfaitement adaptés néanmoins. C’est-à-dire que le système existait avant la Wii, puisqu’il se jouait de la même manière sur PlayStation 2 et Xbox, dans les épisodes d’origine. En maintenant le joystick gauche enfoncé, on peut accélérer les mouvements de caméra. À ce propos, la version Xbox Series X ici testée ne comporte pas de contrôles gyroscopiques, comme sur Switch. Et pour cause, la manette est dénuée de cette fonctionnalité. Il faut également comprendre que les actions spéciales, qui consomment des points d’esprit, sont attribuées à la touche « X ». Dès lors, aucun fantôme ne saurait représenter une menace pour nos différents héros.
La réalisation permet-elle d’apprécier Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire dans les meilleures conditions ?
Côté réalisation, ce remaster de Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire s’avère plutôt satisfaisant. Si l’on place les versions d’origine et d’aujourd’hui côte à côte, les différences ne sautent pas toujours aux yeux. Bien sûr, les éclairages sont plus travaillés, la résolution monte jusqu’à 4K, le framerate se maintient à 60FPS. Mais la version Wii bénéficiait déjà en 2008 d’une réalisation de très haute volée. Les changements sont parfois plus subtils, comme un téléphone plus gros dans le hall d’entrée pour le repérer plus facilement, ou le remaniement de quelques énigmes. On regrette malgré tout l’aspect trop pixelisé des textures. Certains y verront le charme des jeux d’antan, comme Silent Hill où les pixels de rouille ou de sang créent le malaise. Pour notre part, on n’aurait pas été contre un léger floutage.
Mais résumer la réalisation du jeu à l’aspect esthétique n’est pas correct envers le sound design toujours aussi soigné de la série. Les doublages, en japonais uniquement, permettent de se plonger dans le récit. Tout le reste, du vent qui souffle aux cris lugubres en passant par les sonorités aqueuses de l’interface, immergent pleinement dans l’ambiance. La connexion entre la musique et la mémoire jouant un rôle-clé dans la diégèse, on perd beaucoup sans casque audio.
Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire s’accompagne enfin d’une localisation française cinq étoiles. Rien n’agit plus comme un élément de distanciation qu’une traduction approximative. Mais Koei Tecmo a pris la mesure de la qualité d’écriture de son titre pour parfaitement retranscrire l’ensemble de ses nuances. Tous les textes ont bénéficié du même soin, des dialogues-clés jusqu’à la dernière feuille volante que l’on trouve au fin fond des sous-sols. En fin de compte, c’était le minimum pour faire honneur à la poésie macabre que dégage Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire. Et ce n’est clairement pas superflu pour apprécier une expérience qui s’appuie à ce point sur son récit.
Notre avis | 8
Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire est miraculeusement disponible après quinze ans d’attente. Quel plaisir de découvrir ce jeu d’horreur inédit en français, en « HD » et adapté à nos systèmes d’aujourd’hui. Le portage n’a sans doute pas été sans peine, notamment pour retranscrire les mouvements Wiimote à la manette. Mais Koei Tecmo s’en sort avec les honneurs, malgré un input mapping discutable.
La réalisation peut aussi faire débat. Les modélisations, les jeux de lumière et le sound design plus globalement permettent toujours de se plonger dans l’ambiance. Les textures en revanche mériteraient un léger dépoussiérage. Fort heureusement, la localisation se révèle exemplaire, dans les respect à la fois du lore, du récit et de la littérature de Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire.
On se réjouit bien sûr de retrouver Project Zero et ses caractéristiques uniques. La proposition ne conviendra toujours pas à tout le monde, parce que le rythme est d’une lenteur déconcertante et que les combats à l’appareil photo peuvent dérouter. Mais ce portage « surprise » d’un épisode que l’on n’imaginait jamais sortir chez nous redonne de l’espoir pour la suite. Peut-être aura-t-on droit à Project Zero II: Crimson Butterfly, également disponible sur Wii. Et pourquoi pas les premier et troisième épisodes tant qu’à faire ? Voire, on ose à peine l’imaginer, un sixième Project Zero.