Test de « Ninja Gaiden II Black » sur PlayStation 5. Le ninja le plus sanglant fait son retour à pas feutrés

Ninja Gaiden II est initialement sorti le 3 juin 2008 sur Xbox 360. Une première restauration, Ninja Gaiden Σ2 (prononcée Sigma 2), est quant à elle disponible depuis le 29 septembre 2009 sur PlayStation 3, PlayStation Vita, PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch et PC.

Test de Ninja Gaiden II Black réalisé sur PlayStation 5 à partir d’une version fournie par l’éditeur.

Jadis habituée à occuper le terrain du beat ’em all, la série Ninja Gaiden s’était récemment faite aussi discrète que les guerriers de l’ombre dont elle porte le nom. Beaucoup ont donc été surpris par l’annonce d’un quatrième épisode, lors de la conférence Xbox Developer_Direct du 23 janvier 2025. Après une retraite anticipée, le ninja Ryu Hayabusa met à vrai dire les bouchées doubles, puisqu’à cette occasion Koei Tecmo a également révélé la disponibilité immédiate de Ninja Gaiden II Black sur PlayStation 5, Xbox Series X et PC, au prix de 49,99 €. Cette nouvelle interprétation a-t-elle les épaules pour surclasser Ninja Gaiden Σ2 en son temps ?

Plus loin | [AVIS] Ninja Gaiden 2 Black (Taikenban)

Test de Ninja Gaiden II Black sur PlayStation 5

Le jeu s’ouvre avec Sonia, agente de la CIA, errant dans Tokyo à la recherche du légendaire ninja Ryu Hasabusa. La malheureuse est alors victime d’un enlèvement par de mystérieux shinobi maléfiques que Ryu pourchasse. Le clan de ninja de l’Araignée Noire s’apprête en effet à récupérer une puissante statuette, pour ressusciter l’archidémon, et plonger la terre dans un enfer éternel. Seul le clan du dragon, auquel Ryu appartient, peut se dresser face à la démoniaque Elizébet et l’empêcher d’accomplir son funeste dessein.

Un nouveau voyage sous Unreal Engine 5

Ce synopsis donne le ton de l’aventure. À défaut de finesse, le récit du voyage de Ryu nous fait voir du pays. Dès l’introduction, la beauté des décors nous frappe, et ce même si le reste de l’aventure n’est pas toujours au diapason. Le niveau de la grosse pomme, par exemple, est nettement moins détaillé que son prédécesseur. Les textures sont plus sombres et baveuses et manquent de détails. Et ce cas n’est pas isolé, même si l’on retient globalement le positif. Comment oublier cette Tokyo futuriste et ses jardins zen chatoyants ? Dans ces cas de figure, l’Unreal Engine 5 révèle tout son potentiel. L’attaque du village ninja est d’autant plus vivace que les effets de flamme sont sans commune mesure avec le jeu d’origine. Mais la profondeur de vue de ces panoramas n’y trompe pas. La construction des niveaux reste dans son jus. Les couloirs s’enchainent sans fin, à grand renfort de murs invisibles, espacés par des arènes.

Certes, ce schéma est vieux comme le monde. Mais il donne toute latitude à Ryu pour déployer l’ensemble de sa palette de techniques. La cabriole est à l’honneur, avec des sauts rapides entre deux cloisons rapprochées faisant passer Mario pour un grabataire, ou des courses contre les murs à n’en plus finir. Évidemment, quand le chemin s’élargit, c’est au tour de l’épée de parler. Si cette linéarité de la progression dans les niveaux est une contrainte propre au genre, le cloisonnement de l’aventure, lui, contraste avec le premier volet. Plus de hub central, plus de puzzles à résoudre. L’aventure est menée tambour battant, seule l’action compte. Cette rupture continuera à faire débat, mais le sens du rythme qui s’en dégage a le mérite d’être particulièrement satisfaisant.

La voie du ninja est encore trop rude pour son bien

L’âpreté du jeu aussi est l’écho d’un autre temps. Si l’on comprend parfaitement que Team Ninja souhaite inscrire sa saga dans un niveau d’exigence certain, des questions demeurent. Pourquoi faire apparaître tant d’ennemis dans les angles morts quand on sait qu’ils sont si rapides à frapper ? Si un point de contrôle régénérant la vie se trouve avant un boss, pourquoi placer une vague d’ennemi entre ce dernier et l’affrontement ? Pourquoi conserver ce système de barre de vie amputée après un certain nombre de coups, que trop de jeux adoptent ? Que les débutants se rassurent cependant : les développeurs ont conservé le mode « Héroïque » déjà disponible dans Ninja Gaiden Σ2. Son principal avantage est d’offrir des options d’aide quand la santé baisse. Ryu dispose notamment d’une parade automatique. La vie restante est alors restaurée en fin de combat et les orbes bleues permettent de soigner la portion de barre de santé amputée également. Avec d’autres modes de jeu plus compliqués à disposition, l’épopée guerrière est donc accessible à tous les publics, compensant grandement les injustices précitées.

Une virtuosité dans les affrontements

Si l’on ne devait retenir qu’une chose de Ninja Gaiden II Black, c’est son système de combat. Comme d’autres pépites de Team Ninja, dont Nioh, seuls la vitesse et l’enchainement comptent. Contrairement aux jeux Souls par exemple, un profil de jeu plus passif, exploiter uniquement la parade et la roulade aboutirait à un échec. Les ennemis sont trop rapides et sournois pour miser sur la défense. À la place, une pluie de combos, de contres, et une exploitation astucieuse des attaques aériennes, des sorts de Ninpo et un choix des armes adapté sont à privilégier.

La chorégraphie hypnotique des combats est alors une récompense qui justifie, à elle seule, de parcourir cette aventure sans queue ni tête, en incarnant un héros qui a plus tendance à faire rire qu’autre chose. Il est également possible de faire évoluer son équipement et ses sorts, grâce à des objets ramassés lors de maigres détours ou de la monnaie trouvée durant les affrontements. Ninja Gaiden II Black n’en devient pas un jeu de rôle pour autant, mais le joueur a la sensation d’être actif dans la progression de son personnage, en privilégiant un style de combat en particulier.

Une version marquée tant par les manques que les excès

Tous les ajouts de Ninja Gaiden Σ2 n’ont pas été conservés. La partie multi notamment, ainsi que deux nouveaux boss, ne rejoignent pas les rangs de ce remake. Ces contenus ont jadis fait débat, tant en matière d’équilibrage que d’intérêt. Il en reste néanmoins que Ninja Gaiden II Black n’incorpore pas tout le contenu précédent, alors qu’il était l’occasion rêvée de tout remettre à plat. Affronter la Statue de la Liberté n’arrive pas tous les jours. Et aux vues de la surenchère permanente de situations nanardesques au possible qu’offre le titre, le joueur n’en est plus à ça près. Il est dommage que l’histoire soit expédiée uniquement par des courtes cinématiques, tant des pans entiers de scénario sont exposés lapidairement par trois lignes de texte lors chargement du chapitre suivant. Les ellipses sont légion, et on ne comprend pas toujours bien où l’on se situe.

Cette escalade n’est pas seulement visible sur le plan des rebondissements scénaristiques. L’ultra-violence du jeu, déjà notable dans les versions précédentes, est aujourd’hui démultipliée par le travail opéré sur l’aspect graphique. Des rivières de sang s’écoulent au rythme des effets de particule les plus modernes. Un traitement similaire est réservé à la mise en valeur des formes des héroïnes. Des années de débat sur les représentations féminines dans le jeu vidéo n’ont décidément pas prise sur Koei Tecmo. Les futures joueuses, comme joueurs, sont donc avertis.

Du beau monde à rencontrer

Ces personnages féminins apportent de la variété dans le déroulement du jeu. Il est ainsi possible d’incarner Momiji la prêtresse, Rachel la chasseuse de démons, ou encore Ayane, la shinobi préférée des adeptes de jeux de combat comme de beach volley. Chaque héroïne possède des armes et des Ninpo qui lui sont propres, mais pas seulement. Momiji par exemple peut effectuer un double saut, alors que Rachel s’appuie sur une mitraillette pour un meilleur contrôle des foules. Malheureusement, l’exploitation de ces personnages reste anecdotique. Dans un premier temps, ces chapitres n’apportent absolument rien à une histoire déjà famélique. Par ailleurs, chaque personnage n’est jouable que lors d’un court chapitre, et on ne les croise quasiment plus par la suite. Enfin, les niveaux en question ne sont que des réexploitations en sens inverse de zones déjà traversées avec Ryu auparavant, agrémentés de quelques couloirs en plus et d’une météo différente.

L’ensemble donne l’impression d’un contenu de remplissage paresseux. Couplé à l’hypersexualisation mentionnée plus haut, le traitement de ces personnages méritait mieux. Il est heureusement possible de les incarner un peu plus longtemps dans une suite de missions non scénarisées en duo, le deuxième personnage étant incarné par l’IA.

Les ennemis sont quant à eux diversifiés. Une grande déclinaison de ninjas et sorciers laisse tantôt place à une galerie de démons, loups-garous et piranhas-fantômes, tantôt à des robots, pantins et ennemis mécaniques. La diversité est présente, même si un ennemi se manifeste trop souvent : la caméra. Bien que libre, elle a tendance à se placer au mauvais endroit, où à mal s’ajuster dans les intérieurs étroits. On est plus proche d’un Onimusha: Warlords dans ses mauvais côtés que d’un Sekiro: Shadows Die Twice sur ses bons jours. Dans ce contexte, les trop nombreuses embuscades tendues par les ennemis s’avèrent d’autant plus frustrantes.

Notre avis | 7

Note : 7 sur 10.

Ninja Gaiden II Black marque le retour d’un beat’ em all qui tache, parfois de sang, parfois de gras. Même paré de son plus bel Unreal Engine 5, il a encore tout du jeu d’action bas du front du début des années 2000. Archétypal jusqu’au bout des ongles, il reste un excellent défouloir, et un tour du monde offrant de jolis points de vue. Son accessibilité nouvelle n’est que le reflet d’un jeu généreux, par moment trop pour son propre bien. Faute d’être une réussite totale, on s’amuse beaucoup à parcourir ce Japon jusqu’au-boutiste, dans l’attente d’un quatrième volet. Et pour ça, on est prêt à laisser un peu plus longtemps son cerveau (et certains de ses principes) sur la table de chevet.

On aime

  • Un fun débridé, déjanté et décérébré
  • Des combats amusants et exigeants
  • Un paramétrage de la difficulté pour tous
  • Le travail opéré sur la plupart des décors

On n’aime pas

  • Des soucis de caméra aberrants
  • Encore trop de textures baveuses et sombres
  • Une narration expédiée
  • La représentation archétypale des femmes

Merci d’avoir lu notre test de Ninja Gaiden II Black sur PlayStation 5.

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