Test de Soul Hackers 2 réalisé sur Xbox Series X à partir d’une version fournie par le distributeur.
- JRPG | Dungeon crawler
- Développé par Atlus | Édité par SEGA | Distribué par PLAION
- PlayStation 4 | PlayStation 5 | Xbox One | Xbox Series X | PC – 26 août 2022
- Sous-titré en français – PEGI 16
- Toute l’actualité du jeu | de la série
Quelle ne fut pas notre surprise quand Atlus a annoncé une « suite » de Devil Summoner: Soul Hackers. Suite entre guillemets car Soul Hackers 2 se révèle très différent de cette légende du JRPG. Réalisé par Mitsuru Hirata (Radiant Historia, Tokyo Mirage Sessions ♯FE), le titre conserve toutefois des mécaniques proches du dungeon crawler. Cela le distingue des succès récents de la maison, dont Shin Megami Tensei V et Persona 5 Royal. Peut-il s’inscrire aussi durablement au Panthéon des jeux de rôle que les autres piliers de la saga ?
Test de Soul Hackers 2 sur Xbox Series X
On n’explore plus le métavers Paradigm X qui donnait toute sa saveur à Devil Summoner: Soul Hackers. Hélas ! En revanche, grâce au piratage de l’âme qui justifie le titre du jeu, on est amené à s’aventurer dans la psyché de différents personnages. Le joueur incarne Ringo, manifestation physique d’Aion, un océan d’informations qui prédit l’extinction de l’humanité. Avec son acolyte Figue, son rôle est d’empêcher une série d’assassinats conduisant à la fin du monde. Bien que la mission soit un échec retentissant, l’héroïne peut pirater les âmes pour les ramener à la vie.
Et si les premières heures sont extrêmement volubiles, l’intrigue cède vite sa place à la boucle de gameplay. L’histoire reste assez simple et les personnages jouables n’évoluent que très peu dans leurs rôles respectifs. L’écriture est nettement plus modeste que dans un Persona, par exemple. Le jeu ne bénéficie guère non plus de la richesse de la narration environnementale de Shin Megami Tensei V, et on le regrette puisque l’on passe la plus grande partie du temps en donjon. Soul Hackers 2 se présente donc comme un épisode plutôt brut, comme l’étaient finalement Shin Megami Tensei: Devil Summoner et Devil Summoner: Soul Hackers.
Comment Soul Hackers 2 se distingue-t-il des autres épisodes de Shin Megami Tensei ?
Depuis Shin Megami Tensei III: Nocturne, le Press Turn fait les beaux jours de la série. On retrouve ce système de combats jusqu’à Shin Megami Tensei: Liberation Dx2. Pour Soul Hackers 2, les développeurs intègrent tout autre chose puisque les affinités élémentaires augmentent plutôt un combo. À la fin du tour du joueur, les démons déclenchent un All-Out Attack dont les dégâts varient en fonction de cette série. Au fil du jeu, le joueur peut les optimiser avec des coups critiques, des compétences spéciales et même des QTE en fonction du démon que l’on équipe. L’approche stratégique est en fin de compte très différente, d’autant plus que les ennemis ne bénéficient pas du système.
Pour poursuivre la simplification initiée par Shin Megami Tensei V, qui ne distinguait plus PV et PM à dépenser en fonction des attaques, toutes les compétences visant à modifier les statuts infligent à présent des dégâts de ruine. Les berceuses et autres empoisonnements peuvent désormais infliger autant sinon plus de dégâts qu’un Mazionga, par exemple. Le joueur est donc plus prompt à les utiliser.
Enfin, les négociations pour recruter de nouveaux démons se déroulent désormais en dehors des combats. On trouve les futurs alliés sur la carte et il suffit de « payer » (en Macca, divers objets, PV ou PM) pour sceller un pacte. Il faut sans doute y voir la volonté de réduire le temps passé en arène. N’importe quel mob demande effectivement plusieurs minutes de jeu. On peut accélérer la cadence en mode facile, par exemple, mais les combats automatiques ne visent pas les points faibles. La durée des combats couplée à leur fréquence a tendance à hacher l’exploration des différents donjons.
Les développeurs ont-ils davantage placé l’accent sur les combats ou l’exploration ?
L’exploration n’est dans l’ensemble pas excessivement agréable, à cause d’une caméra mal placée qui sert surtout à mettre en valeur la démarche de Ringo. Pour se reposer, fusionner ses démons, améliorer son équipement ou pour les besoins des différentes quêtes, le joueur doit en plus se téléporter dans différents établissements. Or, le temps de chargement pour naviguer de l’un à l’autre se montre souvent décourageant, bien qu’il soit possible de le réduire dans les paramètres du jeu.
Soul Hackers 2 souffre surtout d’un level design sans fioriture. L’absence de verticalité et la multiplication des couloirs donnent l’impression de parcourir un dungeon crawler d’une autre génération. Les environnements sont d’une pauvreté qui trahit le budget du projet. Rien ne ressemble plus à une zone portuaire qu’une autre zone portuaire. Rien ne ressemble plus à une ligne de métro qu’une autre ligne de métro. Et pour ne rien arranger, Ringo se déplace en trottinant lentement. Plus tard, on obtient une compétence pour accélérer sa course mais qu’il faut réactiver toutes les trente secondes.
On explore aussi les Matrices de l’âme, des donjons centraux dans la veine du Tartare et qui s’ouvrent à l’aide des liens sociaux avec les alliés. Ils sont en réalité facultatifs, mais les explorer procure des avantages en combat ou en exploration. Ils sont surtout désespérément vides, aux sens propre et figuré. Représentés par des dédales cubiques, on n’y croise que les ombres des ennemis façon Shin Megami Tensei IV, et nos propres démons ayant trouvé objets, Macca ou nouveaux alliés. On y retourne cependant pour les nombreuses missions à accomplir.
Soul Hackers 2 est-il aussi généreux que les autres colosses d’Atlus ?
En effet, les à-côtés abondent avec de multiples requêtes, des relations à améliorer en partageant un verre au bar ou des tonnes de possibilités pour parfaire sa stratégie. Les missions secondaires sont généralement simples, comme abattre tel ennemi ou découvrir telle fusion. Certaines sont plus originales, dont quelques quiz qui mettent les connaissances Megaten du joueur à l’épreuve. Dans tous les cas, rien n’est obligatoire pour terminer l’aventure et le joueur peut picorer les contenus comme bon lui semble.
Mais Soul Hackers 2 reste Shin Megami Tensei avec ce que cela implique comme collection de démons. La découverte du compendium est toujours encouragée pour obtenir l’accès à des unités plus puissantes. Dans cet épisode, les développeurs motivent toutefois à changer régulièrement plutôt qu’à camper sur quelques combinaisons overkill. Pour cela, les démons évoluent plus rapidement lorsqu’il leur reste des compétences à déverrouiller. Après quoi, l’expérience obtenue est moindre. Mais après avoir atteint leur dernier palier, ils offrent au joueur de précieux équipements qui optimisent les dégâts élémentaires ou la consommation de PM, par exemple.
Cela étant dit, le titre est nettement plus modeste que les derniers jeux d’Atlus, réputés chronophages. Un run en ligne droite comprenant quelques annexes ne dure pas plus de trente heures. Il s’agit d’une aubaine pour les joueurs intimidés par l’investissement nécessaire pour ces JRPG. Pour quiconque désire davantage, il existe une deuxième fin, des tas de quêtes secondaires ainsi qu’un DLC très discutable. Finalement, Soul Hackers 2 concilie parfaitement les joueurs à la recherche d’une expérience plus courte qu’à l’accoutumée, et ceux qui sont à table pour dévorer un festin.
Malgré ses faiblesses manifestes, pourquoi se réjouir du traitement du jeu par SEGA ?
Soul Hackers 2 ne sera sans doute pas aussi populaire que d’autres épisodes d’une série qui comporte des titres tels que Shin Megami Tensei: Strange Journey, Persona 3 FES et autres Shin Megami Tensei: Devil Survivor 2. Mais il faut saluer le traitement du jeu par SEGA. Il ne faut pas oublier qu’en 2014, Shin Megami Tensei IV n’était disponible qu’en édition numérique, sans localisation et sur une seule console, la 3DS.
Aujourd’hui, Soul Hackers 2 bénéficie d’une place en première classe. Il est disponible en éditions numériques et physiques distribuées par PLAION. On peut y jouer sur PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X et PC au choix… tandis que la version Deck est réputée parfaitement optimisée. On a en plus droit à une localisation de PxlHrt (13 Sentinels: Aegis Rim) qui, quoi qu’imparfaite, a le mérite de rendre le jeu plus facile d’accès. D’ailleurs, les joueurs moins aguerris peuvent aussi en profiter grâce au mode facile, un standard désormais des productions Atlus.
Mais surtout, Soul Hackers 2 est un jeu qui se révèle finalement addictif en dépit de ses faiblesses manifestes. Certes, l’exploration n’est pas des plus passionnantes mais l’histoire maintient l’intérêt en éveil. Il s’agit en plus d’un jeu très agréable à l’œil, avec des effets spéciaux souvent spectaculaires. On apprécie particulièrement le design lumineux de Ringo et Figue et leurs veste et paire de leggings à LED. En l’état, Soul Hackers 2 ne sera pas le premier choix quand il s’agira de prouver la renommée d’Atlus, mais il demeure un JRPG tout à fait capable de faire la transition entre deux projets d’envergure. Et qui sait si une version améliorée dont le studio a le secret ne lui permettrait pas de manger à la même table que les plus grands Shin Megami Tensei.
Notre avis | 7
Non, Soul Hackers 2 ne joue pas dans la même cour que les plus grands JRPG d’Atlus… mais on reconnaît que la barre des Shin Megami Tensei V et autres Persona 5 est très haut placée. Le titre souffre surtout d’un level design un peu sommaire et d’une ambition moindre. Il n’en demeure pas moins accessible, et permet de prolonger l’expérience avec de très nombreux à-côtés. SEGA nous offre surtout la formule Deluxe avec une sortie en éditions numériques et physiques, une version française et des portages sur plusieurs consoles. Si Soul Hackers 2 ne marquera pas l’Histoire comme a pu le faire Devil Summoner: Soul Hackers, il permet au moins de patienter jusqu’au prochain projet d’envergure du studio. En d’autres termes, il s’agit d’un fix Megaten parfait pour les mordus.