Test de Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo réalisé sur Steam Deck à partir d’une version fournie par l’éditeur.
- Roman visuel
- Développé par xeen | Édité par Square Enix
- Sorti le 8 mars 2023
- Switch | PC | Android | iOS
- Ne comporte pas de sous-titres en français
- PEGI 16
- Toute l’actualité du jeu
Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo est un peu passé sous nos radars. S’inspirant des mystères des années 80, ce roman visuel n’est pas le plus facile d’accès dans le genre. Mais quiconque entre dans son méta-récit découvrira une histoire passionnante qui s’appuie sur des croyances locales.
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Attention, Spoilers !
L’auteur de ce texte s’engage à divulguer le moins d’information concernant l’intrigue de Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo. Il peut tout de même contenir des spoilers gâchant le plaisir de la découverte. Si vous souhaitez y jouer dans les meilleures conditions possibles, on vous conseille de reporter votre lecture de cet article.
Test de Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo
Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo nous ramène quarante ans en arrière. Non seulement parce qu’il se déroule à la fin de l’ère Shōwa (qui s’achève le 7 janvier 1989), mais aussi parce qu’en 1983, Enix publiait Portopia Renzoku Satsujin Jiken, un jeu d’enquête de Yuji Horii qui a défini le roman visuel. Mais son côté paranormal rappelle plutôt un autre classique du genre : Famicom Detective Club: The Girl Who Stands Behind. Dans ces différents titres, le joueur doit élucider un mystère à une époque où Internet et les téléphones portables n’existaient pas encore.

Le scénario de Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo « rajeunit » toutefois la formule en opposant des porteurs de malédiction. Chacun de ces neuf malheureux élus possède une pierre lui permettant d’éliminer quiconque remplit les conditions. Par exemple, l’un d’entre peut tuer instantanément son vis-à-vis s’il lui tourne le dos. L’objectif est d’alimenter ladite pierre avec l’âme des victimes et de resusciter à terme la personne de son choix. Le pouvoir absorbé est nettement plus élevé quand il s’agit d’un autre porteur de malédiction cependant.
Par ailleurs, le mystère se déroule à Sumida et la démarche rappelle un peu celle de Root Film. Ce dernier était chapeauté par la préfecture de Shimane pour promouvoir la région. En l’occurrence, l’office du tourisme, le musée local, l’association touristique et la communauté locale ont notamment coopéré pour des prises de vue à 360°, finalement assez rares intra-jeu.
Un mystère qui ne tient que partiellement ses promesses
Le problème de Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo est de ne pas tenir toutes ses promesses initiales. Au début, on imagine prendre part à un « killing game », façon Nine Hours · Nine Persons · Nine Doors ou Danganronpa: Trigger Happy Havoc. Mais la mécanique de malédiction cède vite sa place à une enquête plus traditionnelle. On se demande si les développeurs ont tenté de brouiller les pistes à la manière de World’s End Club, ou s’ils ne sont tout simplement pas parvenus à accomplir leur vision de départ.

D’ailleurs, le prologue met aussi l’accent sur le méta-récit, qui globalement rappelle l’excellent Ghost Trick : Détective fantôme. La narration est ici morcelée en de multiples épisodes, que le joueur doit résoudre, pour progresser dans les arcs des différents protagonistes. Parfois, le joueur doit aussi agir en tant que tel, comme dans Metal Gear Solid par exemple. Mais ces éléments de gameplay, qui servent pourtant les énigmes de manière intelligente, sont trop ponctuels.
Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo ne propose donc finalement que peu de choix. Il existe pourtant plusieurs dénouements, mais on ne peut en considérer qu’un seul comme la « véritable fin ». Il faut compter une petite quinzaine d’heures de jeu pour y parvenir car il est possible de se perdre dans les différents embranchements. On reste parfois bloqué quand on n’a pas épuisé tous les dialogues en cliquant plusieurs fois sur un même élément.
Un roman visuel difficile d’accès
Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo n’est donc pas le roman visuel le plus facile d’accès, même si un guide peut aider. Sa réalisation est pourtant séduisante avec des personnages intégrés aux décors (façon Root Film), illustrés par Gen Kobayashi (NEO: The World Ends with You). Le chara design est somptueux. On a particulièrement apprécié les jeux de regard qui donnent vie aux échanges, en l’absence de doublages. Mais on n’y prête pas spécialement attention car la bande-son se révèle particulièrement efficace pour transmettre les différentes ambiances du jeu.

Reste la barrière de la langue qui ne concernera pas tous les joueurs. L’écriture est extrêmement réussie, tant sur le lore (les dossiers sont souvent essentiels dans la résolution d’énigmes) que sur le développement des personnages. On pense à Mio, une lycéenne qui a plus d’un tour dans son sac. Mais pour en profiter, il faut passer au travers de longs tunnels de dialogues qui ne sont pas traduits en français. On est même parfois confronté à du japonais dans le texte pour certains termes, tels onmyōji ou daimyo. Quelques connaissances sur la culture du pays ne sont pas superflues.
L’ergonomie aurait enfin pu bénéficier de plus de soin. On dispose de quatre façons de naviguer : la croix dans les menus, le stick gauche pour déplacer un pointeur, celui de droite pour la caméra et l’écran tactile. Les options sont inclusives (mobile, PC, console…) mais elles prêtent à confusion, surtout que l’interface est un peu lourde. L’organigramme n’est pas non plus pratique et on n’aurait pas été contre des indicateurs pour signaler les zones où il reste des choses à découvrir. Faut-il y voir un hommage aux romans visuels des années 80 ?
Notre avis | 7
Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo est un jeu d’enquête qui rappelle les romans visuels de l’époque Famicom. Il donne aussi l’impression de s’inspirer de productions plus récentes, avec des mécaniques de malédiction fascinantes et un méta-récit prometteur. Mais il ne tient finalement pas toutes ses promesses et rentre vite dans le rang, aux côtés d’autres mystères du même genre.
Scénario, folklore et personnages restent passionnants et parfaitement mis en scène, grâce à une écriture et une réalisation séduisantes. Mais le titre ne se réserve qu’aux joueurs possédant un bon niveau d’anglais et même quelques connaissances du Japon.
On aime
- L’ambiance de l’ère Shōwa
- L’hommage aux classiques du genre
- Le méta-récit
- Le chara design de Gen Kobayashi
- Les jeux de regard
- La bande-son fabuleuse
On n’aime pas
- Les promesses non-tenues du prologue
- On peut facilement rester bloqué
- L’absence de doublages
- L’absence de traduction en français
- L’interface