Test de Loop8: Summer of Gods réalisé sur Xbox Series X à partir d’une version fournie par l’éditeur.
- JRPG | Roman visuel
- Développé par SIEG Games | Édité par Marvelous Europe | Distribué par Just For Games
- PlayStation 4 | Xbox One | Switch | PC – 6 juin 2023
- Sous-titré en français – PEGI 12
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Nouveau JRPG de la maison Marvelous, Loop8: Summer of Gods s’accompagne d’une myriade de promesses. Visuellement magnifique, ancré dans le Japon des années 80, il se distingue particulièrement par son gameplay où les relations influencent l’issue des combats. Mais malgré l’originalité de sa proposition, l’expérience est limitée par des mécaniques plus contraignantes que divertissantes.
Test de Loop8: Summer of Gods
Nini, qui a grandi à bord d’une colonie spatiale, rejoint Ashihara Nakatsu sur Terre. Alors que le monde est en proie à la destruction, ce village japonais résiste aux assauts des Kegai grâce aux barrières divines qui l’entourent. Mais au cours d’un mois d’août des années 80, l’un d’eux parvient à y pénétrer en prenant possession d’un habitant. Mais à chaque fois que le monde est détruit, Nini se réveille au premier jour de son séjour sur la planète bleue.
Un aspect social trop mécanique
Pour combattre les Kegai, Nini tisse des liens sociaux avec douze personnages secondaires. Ces douze âmes sont d’ailleurs les seules que l’on rencontre dans le monde de Loop8: Summer of Gods. Le système semble opaque tout d’abord, mais il s’avère finalement très simple. En échange de points d’endurance, le joueur propose des activités qui augmentent l’« amitié », la « tendresse » ou la « haine » ; ces statistiques feutrent les combats. Après avoir atteint certains niveaux avec untel, on accède à des événements spéciaux qui approfondissent le lore.
Seulement, la façon de créer des relation s’avère trop mécanique. On spam généralement les discussions, les flatteries et autres compliments pour progresser. Pour limiter le joueur, les personnages peuvent refuser ses avances en fonction de leur humeur, que l’on discerne grâce aux pouvoirs de Nini… et d’une équation purement aléatoire. Les échanges paraissent donc davantage superficiels que naturels, d’autant plus que les comportements des personnages sont souvent absurdes. Ils se déplacent dans les environnements sans but précis, se bloquant les uns les autres dans les endroits exigus.

La bonne idée est qu’à chaque nouvelle boucle, les Kegai s’emparent d’un personnage différent ; le déroulement n’est donc jamais le même. La mauvaise est que les dialogues sont, à chaque itération, strictement identiques. Il faut donc repasser par les mêmes, encore et encore, à chaque nouveau départ. Et le titre est conçu pour repartir de zéro à de multiples reprises.
Plusieurs boucles sont nécessaires pour progresser
Quand un Kegai s’empare d’un personnage, le joueur doit se rendre dans le « monde d’en-bas » pour l’affronter. Ce donjon est toujours le même : une version alternative d’Ashihara Nakatsu. Que l’on construise ses liens sociaux ou que l’on combatte, on est toujours confronté aux quelques mêmes environnements. Si les développeurs souhaitaient donner l’impression de tourner en rond, ils ont parfaitement réussi leur coup. Mais on admet aussi que la lassitude s’installe extrêmement vite.
Pour affronter un boss, il faut d’abord ouvrir sa barrière en obtenant des magatama. Nini doit alors participer à une « épreuve ». On doit parfois combattre un Kegai ; d’autres fois, on doit présenter une statistique suffisamment élevée dans un domaine en particulier. La façon de les buff n’est pas spécialement passionnante non plus. Des bénédictions que l’on déniche à différents endroits, tous les jours, les augmentent de façon permanente. Mais d’autres activités permettent de les gonfler, uniquement pour la boucle en cours. En révisant à son bureau, on augmente par exemple l’intelligence.

Les combats, souvent trop longs à cause de superbes animations que l’on ne peut pas passer, sont tout aussi éreintants. Leur système oblige à prendre en compte les relations pour augmenter l’efficacité des attaques. Les pouvoirs de Nini permettent d’anticiper les actions des uns et des autres, selon leur gré. Mais comme on ne peut pas farm à volonté, on est souvent bloqué par un boss au niveau trop elevé. Après une défaite, on recommence donc en conservant toutes ses bénédictions. Et on peut alors tisser de nouvelles toiles, chercher de nouvelles améliorations et ainsi de suite. La première fois, on se demande ce qui se passe. La deuxième fois, on craint avoir compris la mécanique. Les suivantes, on se décourage sérieusement.
Une réalisation parfaitement soignée
On le regrette car Loop8: Summer of Gods bénéficie d’une excellente présentation. Le chara design est distinctif, les décors sont évocateurs et les animations, volontairement saccadées, donnent l’impression de regarder un anime. L’ambiance du Japon provincial des années 80 séduit toujours et encore. Mais la poésie s’évapore malgré tout devant des personnages secondaires venus tout droit de la vallée de l’étrange.
On le regrette aussi parce que l’histoire, rappelant 13 Sentinels: Aegis Rim par certains aspects, est voilée de nombreux mystères. Les discussions impromptues avec les différents protagonistes sont l’occasion de remettre les pièces du puzzle en place. Mais à chaque boucle, les tunnels de texte qu’il faut traverser à nouveau sont tels que l’on accélère finalement leur défilement, au risque d’en rater certains, qui apparaitraient pour la première fois. Et comme il n’existe pas d’historique, on ne peut jamais les relire, à moins d’entamer une nouvelle boucle.

On a donc l’impression que SIEG Games a davantage soigné la réalisation de son JRPG que son gameplay. On salue l’envie de créer une œuvre inédite pour se distinguer au sein d’un genre que l’on considère de plus en plus homogène. Mais les mécaniques ne sont pas totalement éprouvées. D’autres titres construits autour de boucles temporelles prouvent que cette dynamique peut donner satisfaction, comme The Legend of Zelda: Majora’s Mask, il y a plus de vingt ans. Loop8: Summer of Gods est en revanche trop contraignant pour procurer le moindre plaisir.
Plus loin | Lire aussi le test de JapanPop
Notre avis | 4
Loop8: Summer of Gods séduit d’abord par son esthétique et l’ambiance typique du Japon des années 80. Mais on comprend très vite que cette expérience n’est pas à la portée de tout le monde. Marvelous a pourtant réalisé de grands efforts pour l’accessibilité avec une version française, une édition physique et une disponibilité sur à peu près tous les supports du moment. Mais la boucle temporelle, la mécanisation des relations sociales et l’impression de tourner en rond se révèlent contraignants à l’extrême. Les joueurs qui adhèreronnt au système de jeu auront la chance de découvrir une histoire passionnante mais qui, à elle seule, motivera difficilement pour progresser. Les autres espéreront une adaptation en light novel, en anime, en long-métrage voire en JRPG plus traditionnel.
On aime
- La direction artistique
- Le scénario
- La volonté de proposer une expérience inédite
On n’aime pas
- La contrainte des boucles à répétition
- L’aspect mécanique des relations sociales
- L’impression de tourner en rond
- L’ergonomie