Test de Resident Evil 4 réalisé sur Xbox Series X à partir d’une version fournie par l’éditeur.
- TPS | Horreur | Survie
- Développé et édité par Capcom
- Resident Evil 4
PlayStation 4 | PlayStation 5 | Xbox Series X | PC – 24 mars 2023 - Resident Evil 4: Separate Ways
PlayStation 4 | PlayStation 5 | Xbox Series X | PC – 21 septembre 2023 - Entièrement localisé en français – PEGI 18
- Toute l’actualité du jeu | de la série
Comment aborder le remake de Resident Evil 4 ? Pour les deux épisodes précédents, l’angle d’attaque était plus simple puisqu’il « suffisait » de transposer des jeux PlayStation, aux angles de caméra fixes, aux standards actuels de la série. Mais ces standards, toujours usités de nos jours, sont majoritairement et justement nés avec lui. Capcom n’a donc pas entièrement « réinventé » cet épisode révolutionnaire. Et malgré que tout ait véritablement changé, on distingue nettement le repentir du chef-d’œuvre de 2005.
Test de Resident Evil 4
Six ans après les événements de Raccoon City et devenu un agent du gouvernement depuis, Leon S. Kennedy se rend en Espagne pour secourir la fille du Président. Sur place toutefois, les Illuminados d’un village fermier l’accueillent avec hostilité. Ces derniers vouent un culte au mystérieux Saddler et semblent agir avec une volonté commune.
Une expérience extrêmement fidèle au chef-d’œuvre de 2005
Au contraire des remakes des deuxième et troisième épisodes, Resident Evil 4 est extrêmement fidèle à la version d’origine. Sorti en 2005 sur GameCube, ce classique a depuis été adapté à de très nombreux supports, y compris sur Quest 2 très récemment.
Pourquoi réinventer une formule qui fonctionne toujours ? Capcom a tout simplement pris le parti de conserver de nombreux éléments qui ont écrit la légende de ce chef-d’œuvre. On retrouve notamment un gameplay orienté « action » très similaire, avec sa caméra derrière l’épaule. La progression de Leon est toujours balisée par la découverte de trésors que l’on peut échanger contre des milliers de pesetas. Cet argent sert finalement à acquérir de nouveaux équipements ainsi qu’à améliorer son armement.

On retrouve également tous les moments-clés du jeu d’antan. De nombreux joueurs ont exprimé leur émoi devant les coupes de Resident Evil 3. Toutes les scènes cultes qui ponctuent cet épisode sont ici parfaitement représentées, avec des différences plus ou moins importantes dans la mise en scène ou dans la façon de jouer. On est même confronté à de nouveaux événements et quelques créatures originales.
Mais le game design s’inspire davantage de Resident Evil 4 que des épisodes récents. Par exemple, la carte de Leon ne change pas de couleur quand on a vidé une salle à 100%. La structure et la durée sont identiques, avec trois biomes différents pour un run qui dure entre douze et quinze heures, en fonction du profil de l’utilisateur. L’île, dernier environnement du jeu, reste d’ailleurs la partie la plus faible.
Un remake qui gomme les imperfections
Quand on parle de remake, on se concentre principalement sur les nouveaux ajouts. Mais dans le cas de Capcom, il faut aussi s’attarder sur les retranchements.
Les développeurs ont notamment fluidifié le gameplay en réduisant drastiquement l’usages des QTE, d’une part. On en trouve toujours pour réaliser certaines parades ou dans le cadre de quelques énigmes, mais plus à ce point. L’effet de surprise en pâtit légèrement parfois, mais l’action et l’exploration paraissent moins hachées. Le combat contre Krauser est également profondément altéré.
D’autre part, Leon n’est plus jamais coupé par ses discussions via Codec avec Ingrid Hunnigan. On peut continuer de se déplacer pendant les échanges, mais toutefois pas interagir. La mise en scène est de toute façon plus « modeste » au cours des cinématiques. Les ralentis façon John Woo ont disparu pour moins trancher avec l’ambiance supposément horrifique de Resident Evil 4. L’immersion est donc nettement bonifiée.

Quoique cela dépend finalement des séquences. Certaines ont perdu en intensité, d’autres crèvent désormais l’écran. Par exemple, le boss d’El Lago où Leon combat dans sa petite barque fait moins sensation qu’il y dix-huit ans. Par contre, la traversé des mines en chariot est devenue ébouriffante.
Les personnages font également l’objet d’un soin particulier. Leon par exemple n’a pas beaucoup changé. Mais Luis Sera a droit à davantage d’exposition et un chara design tout neuf. À cette occasion, Capcom a aussi abandonné certains clichés ou des répliques sexistes qui pouvaient faire lever les yeux au ciel dans le jeu d’antan.
La qualité de vie au cœur de l’expérience
Cela étant dit, les développeurs ont surtout peaufiné l’expérience manette en main. Les tout petits désagréments d’il y a bientôt vingt ans n’ont plus lieu d’être. Leon peut se déplacer et viser à la fois, comme dans les épisodes les plus récents. On apprécie aussi quelques nouvelles mécaniques, comme l’artisanat, très sommaire au demeurant, dans la veine des autres remakes. Les éliminations furtives ajoutent aussi une corde à l’arc de Leon, sans déséquilibrer l’action non-stop de Resident Evil 4.
Dans le remake, on apprécie un peu plus la compagnie d’Ashley également. Celle-ci ne dispose plus de sa barre de points de vie comme à l’époque. Si toutefois elle est touchée par un ennemi ou une roquette, elle devient « vulnérable » et ne peut plus se déplacer. Leon doit alors l’aider à se reprendre ; auquel cas, le contact suivant la neutralise tout simplement occasionnant un échec. Et parfois, on a encore du mal à la protéger correctement, surtout à l’entrée du château où elle se fait canarder en boucle.

D’autres petits changements feutrent Resident Evil 4, comme la durabilité des couteaux. Ceux-ci permettent souvent de se dépatouiller d’une situation inextricable ou d’achever un Ganado gisant au sol. De toute façon, on en trouve très facilement car ils servent aussi à fabriquer les carreaux de l’arbalète, on n’en manque donc jamais. Et ceux-ci sont automatiquement équipés quand on en récupère, en toute transparence. Certains n’apprécieront pas et, comme pour The Legend of Zelda: Breath of the Wild, il est possible que cette nouveauté fasse débat. D’autres y verront tout simplement la marque des plus grands jeux.
Un contenu plus cohérent mais avec peu d’à-côtés
Les développeurs ont donc fait en sorte d’optimiser la prise en main et les différentes actions. On pourrait aussi citer le rangement automatique de la mallette d’un seul clic. Mais on remarque surtout une interconnexion qui rend toutes les actions utiles. Par exemple, le stand de tir permet aujourd’hui d’obtenir des porte-bonheurs qui influencent le loot en favorisant l’apparition de tel consommable ou telle ressource.
On apprécie aussi les quêtes secondaires auprès du mythique marchand. Quelques-unes étaient déjà présentes dans le Resident Evil 4 de 2005, comme des médaillons à détruire en échange d’un bonus. Aujourd’hui, elles sont plus nombreuses et plus diversifiées. Leon doit par exemple trouver un œuf doré ou débarrasser une bibliothèque de ses rats. On obtient des spinelles en récompense à troquer contre des objets uniques : équipements particuliers, pierres précieuses à incruster sur un trésor, mallettes aux effets spéciaux.
À ce propos, on n’aurait pas été contre pouvoir revenir dans les premières zones d’une manière ou d’une autre. Mais le joueur doit toujours accomplir les objectifs qu’il se fixe avant de progresser, au risque de ne plus pouvoir faire marche arrière. Le marchand nous prévient dans ces cas-là.

Pour l’heure, on regrette seulement l’absence du mode Mercenaires et du DLC Separate Ways. Le premier sortira le 7 avril 2023, le second n’a pas encore été officialisé.
Un AAA digne de Capcom
Reste la réalisation sous RE Engine, qui n’est pas sujette à débat tant elle éblouit. Les studios japonais capables d’un tel degré de finition graphique ne sont pas nombreux. Resident Evil 4, comme Resident Evil Village et les autres avant lui, est à la hauteur des plus grandes productions occidentales. Les environnements sont superbes, les jeux d’ombre et de lumière coupent le souffle et le framerate ne s’use jamais en mode performance. L’ambiance est véritablement magnifiée par les graphismes. Pourtant, le jeu d’origine, bien que bientôt vingtenaire, était loin d’être quelconque.
On discerne cependant de plus en plus les limites du moteur qui devra peut-être bientôt évoluer pour rester dans le coup. On s’est notamment étonné de quelques textures brouillonnes, ou de leur chargement un peu en retard. D’autres fois et dans nos conditions de test, on a rencontré des bugs de collision comme Leon passant au travers des portes closes d’une grange.
Mais on n’a cependant pas grand-chose à reprocher au travail sonore, absolument fabuleux. Les jeux de panique et de silence sont prodigieux, en plus de servir le gameplay. Au casque, on repère également très facilement les ennemis plus ou moins proches grâce à un mixage sans faute. Cela s’avère salutaire quand des Ganados attaquent de toute part.
On salue enfin la VF, un standard des jeux Capcom d’aujourd’hui. Bien sûr, les joueurs ayant déjà terminé × fois Resident Evil 4 devront peut-être se mouiller la nuque pour pleinement s’immerger. Mais les traductions sont cohérentes, le montage ne détonne quasiment jamais et les doublages sont excellents. Mention spéciale au marchand, qui perd sa voix iconique mais qui trouve un nouveau souffle dans ce remake. Il est incarné par Bernard Métraux qui prête notamment son timbre à Korben Dallas dans Le Cinquième Élément.
Plus loin | Lire aussi le test de Taikenban
Notre avis | 9
Le remake de Resident Evil 4 ne révolutionne pas Resident Evil 4, comme pouvaient le faire les deux précédents. Et pour cause, il s’agissait déjà d’un chef-d’œuvre, à même de bouleverser le survival horror à tout jamais. Les codes qu’il a imposés sont encore largement utilisés de nos jours.
La démarche de modernisation de cet épisode fait donc plutôt penser au Resident Evil originel, quand il a transité de la PlayStation à la GameCube. L’expérience est extrêmement similaire tout en gommant les petites imperfections. En améliorant la qualité de vie et avec une mise en scène moins hollywoodienne, cet épisode est un peu plus harmonieux avec le reste de la série. Il continue de se distinguer en enchaînant des situations toutes plus folles les unes que les autres, mais avec un effort de modernité perceptible. Cela s’applique aussi à la réalisation, digne des derniers épisodes.
Toutefois, au contraire de Resident Evil 2 ou Resident Evil 3 qui donnaient l’impression de jouer à de « nouveaux jeux », on a plus l’impression de découvrir avec ce remake une nouvelle version de Resident Evil 4. Mais qu’importe. Il reste un classique dont l’expérience grave durablement la mémoire d’un joueur. Il pourrait être difficile pour le remake d’un éventuel Resident Evil: Code Veronica d’atteindre ce degré d’intensité.
On aime
- La fidélité au Resident Evil 4 de 2005
- Le gommage des imperfections
- La mise en scène plus cohérente
- L’amélioration de la qualité de vie
- Les quêtes secondaires
- La réalisation à couper le souffle
- Une version française convaincante
- Un chef-d’œuvre éternel
On n’aime pas
- L’île reste la partie la plus faible de l’aventure
- Quelques textures grossières