Test d’Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes réalisé sur PC à partir d’une version commerciale.
- JRPG
- Développé par Rabbit & Bear Studios | Édité par 505 Games
- PlayStation 5 | PlayStation 4 | Xbox Series X | Xbox One | Nintendo Switch | PC – 23 avril 2024
- Sous-titré en français – PEGI 12
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Depuis le 23 avril 2024, Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes est disponible sur PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Series X, Xbox One, Nintendo Switch et PC, à partir de 49,99 €. Réalisé par Rabbit & Bear Studios et édité par 505 Games, le nouveau JRPG des créateurs de Suikoden perpétue, avec les moyens du bord, l’esprit de la série emblématique de Konami. Cette dernière repose au cimetière des éléphants depuis la sortie, le 9 février 2012, de Gensō Suikoden: Tsumugareshi Hyakunen no Toki sur PlayStation Portable. Il faut même remonter au 23 février 2006 pour retrouver la trace de Suikoden V, dernier épisode numéroté en date.
Plus loin | Gensō Suikoden (Grospixels, 1er décembre 2008)
Test d’Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes sur PC
Ainsi, Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes s’inspire ouvertement de Suikoden, et plus particulièrement de l’inimitable Suikoden II, initialement sorti sur PlayStation le 17 décembre 1998. Son scénario, décrit comme « politique » par certains confrères, est avant tout l’histoire d’une invasion militaire. L’autonomie des membres de la Ligue des Nations est menacée quand l’armée de l’Empire galdéen, en partie menée par le dux Aldric, convoite les mystérieuses lentilles runiques. Ces artefacts se trouvent au cœur de tumulus, dispersés dans plusieurs régions d’Allraan. En réponse au conflit qui se dessine, Nowa, jeune recrue de la Garde venu de la campagne, souffle les braises de la révolution. Il fonde en effet l’Alliance, une armée libératrice qui évolue au fil de la progression.
Comme pour Final Fantasy XIII et ses fal’Cie, l’Cie et autres tâches, le vocabulaire spécifique d’Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes peut d’abord intimider. La plupart de ces concepts ont toutefois été développés à l’occasion d’Eiyuden Chronicle: Rising, disponible depuis le 10 mai 2022 sur PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Series X, Xbox One, Nintendo Switch et PC. En réalité, il n’est pas nécessaire d’avoir joué à l’action-RPG de NatsumeAtari pour pleinement profiter de l’intrigue. À peine retrouve-t-on des personnages, que l’on avait oubliés pour la plupart, introduits au cours de ce prologue.
Un récit peu passionnant
En dépit de son univers bien ficelé, l’écriture se révèle toutefois générique. Tout d’abord parce que les situations d’un empire menaçant l’équilibre du monde, que l’on retrouve régulièrement dans Suikoden et dans d’autres JRPG, sont des classiques du genre. Mais aussi parce que les personnages sont conformes à des archétypes de la série. La ressemblance à Suikoden II, encore lui, saute aux yeux. En filigrane, la relation unissant Nowa et Seign fait indubitablement écho à Riou et Jowy. Lian, la « jeune fille explosive », rappelle quant à elle Nanami au bon souvenir des vétérans. D’autres protagonistes surprennent positivement, telles Perrielle et Marisa, par exemple.
On éprouve également des difficultés à pénétrer dans le récit en raison d’un volume de texte assommant, heureusement traduit en français. Pour s’assurer que les joueurs aient bien intégré certains points de la narration, il n’est pas rare que les personnages répètent plusieurs fois la même information. Le rythme est par ailleurs extrêmement lent. Il faut compter sept à huit heures pour que l’histoire ne démarre enfin, et quinze heures environ pour qu’elle ne passionne véritablement. Au total, la durée de vie s’élève à un peu moins de cinquante heures.
La boucle de gameplay des Suikoden
La boucle de gameplay est aussi très similaire à celle des jeux Suikoden. Au fur et à mesure, l’utilisateur recrute cent-dix-neuf alliés possibles, contre cent-huit à l’époque. D’après le titre, on imaginait qu’ils seraient cent. Mais « Eiyuden Chronicle: A-Hundred-And-Nineteen Heroes » a certainement été jugé trop pompeux. Qu’importe, une fois l’aventure sur les rails, le recrutement se révèle toujours prenant. Chaque personnage possède sa propre intrigue. Pour certains, il suffit de les rencontrer pour qu’ils acceptent de rejoindre l’Alliance. Pour d’autres, Nowa et ses alliés réalisent des quêtes plus ou moins complexes. Cinq jours après la sortie du jeu, de nombreux guides sont de toute façon déjà disponibles sur Internet, pour expliquer la marche à suivre pour les plus récalcitrants.
En conséquence, le quartier général de l’Alliance évolue petit à petit. Il ne s’agit pas d’un simple château, comme le veut la tradition, mais d’un village à part entière, fondé sur des ruines depuis longtemps abandonnées. Pour construire de nouvelles infrastructures, des ressources, de l’argent et des alliés sont nécessaires. Ces derniers ne rejoignent pas tous l’équipe de combattants, et certains s’avèrent utiles pour gérer des échoppes, une bibliothèque, un ranch… Le développement de la citadelle est palpable et conforte le joueur dans sa montée en puissance.
Des mécaniques de JRPG à l’ancienne
Comme dans les Suikoden, Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes est entrecoupé d’une variété d’activités, comme la pêche ou divers mini-jeux à l’intérêt discutable. Mais le joueur passe évidemment la plupart de son temps en combat. On retrouve notamment les batailles à grande échelle, entre armées, quoique simplifiées à l’extrême pour l’occasion. Malgré leur prise en main aisée, elles se révèlent laborieuses en raison de longues animations qu’il est impossible de passer. Les fameux duels, qui renforcent la pression des scènes-clés, sont aussi de la partie. Leur puissance dramatique est indéniable mais puisqu’ils sont scriptés, ils s’avèrent en fin de compte peu exaltants.
Restent les milliers de combats aléatoires qui constituent le quotidien des amateurs de JRPG. Pour notre part, on regrette de ne pas distinguer les ennemis sur la carte, même pour un titre expressément rétro, pour asseoir son authenticité. Star Ocean: The Second Story R a pourtant récemment prouvé qu’il était possible de moderniser cet aspect sans dénaturer l’expérience. Même Dragon Quest et Pokémon, parmi les jeux les plus conservateurs, ont évolué sur ce point. On s’en accommoderait peut-être davantage si les combats n’étaient pas globalement agaçants.
À cause de leur lenteur et d’animations détaillées mais trop longues, l’attention du joueur décroche régulièrement. Ils sont surtout terriblement mal équilibrés. On pense à deux boss terrassés sans effort à un moment précis de la progression, suivis par des mobs, sans prétention apparente, qui nous en ont fait voir de toutes les couleurs dès la zone d’après. La difficulté oblige pour ainsi dire à se soigner entre chaque combat. Alors, quand on cherche à naviguer dans des donjons trop grands, au level design peu inspiré, et qu’un combat se déclenche au hasard, on soupire. Les boss se caractérisent malgré tout par l’usage de gadgets qui permettent parfois d’interagir avec l’environnement.
Une ergonomie peu soignée
L’expérience est généralement pénible en raison d’une ergonomie qui laisse à désirer, au point de se demander si les tests d’assurance qualité on été convenablement menés. On peut comprendre certains choix de game design, comme enregistrer sa progression auprès des auberges et des points de sauvegarde uniquement. Mais d’autres, comme l’inventaire et la gestion des objets au sens large, sont inadmissibles dans un JRPG de 2024.
On pense à l’équipement des runes. Dans des boutiques spécialisées, Nowa et ses partenaires s’en munissent mais il n’est possible de sélectionner que celles que l’on possède dans son inventaire. Celui-ci étant limité à trente emplacements, on les dépose naturellement en réserve. Les allers-retours entre le quartier général et la boutique sont donc aussi nombreux qu’horripilants. Que penser des personnages qui vont et viennent, au gré du scénario ? On équipe, comme dans n’importe quel JRPG, ses alliés d’objets, parfois précieux, comme des bottes de vitesse ou une insigne d’expérience. Mais si celle ou celui qui les détient quitte temporairement l’équipe, il est impossible de les récupérer. Comment ne pas y avoir pensé ?
Une réalisation quelconque
On se retrouve donc avec un jeu dont l’histoire donne un sentiment de déjà-vu, et dont l’exploration n’est pas toujours plaisante. Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes se distingue au moins par son aspect HD-2D, même si les sprites manquent cruellement d’animation. La réalisation technique est ce qu’elle est, on sait qu’il est difficile d’échapper à l’aliasing sans flouter le côté précis des éléments en pixel art. Et on l’accepte. On trouve en revanche le chara design soigné et varié, malgré le nombre de portraits uniques à concevoir.
On émet enfin une réserve sur la bande-son dont la plupart des pistes manquent de personnalité. Dans un test sans imagination, dans lequel on ne sait plus guère comment qualifier des musiques qui ne transportent jamais dans l’univers auquel elles sont censées insuffler de la vie, on se contenterait de déclarer qu’« elles accompagnent correctement l’action ». Fort heureusement, le thème des combats est entraînant, entêtant et inoubliable. Mais on espérait beaucoup plus pour le reste, en sachant qu’il est composé par deux pointures. Que diable ! On parle de Motoi Sakuraba, à qui l’ont doit les bandes originales de Star Ocean, Valkyrie Profile et autre Shining Force III, et de Michiko Naruke, compositrice des fameux Wild ARMs. Comment ne pas espérer plus de ces deux génies, comme on attendait définitivement davantage des noms ronflants qui ont, jadis, conçu quelques-uns des plus grands JRPG de l’histoire ?
Notre avis | 6
Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes est finalement à Suikoden ce que Bloodstained: Ritual of the Night, aussi édité par 505 Games et précédé d’un prologue, est à Castlevania. Ses intentions sont les bonnes, mais peut-être a-t-il manqué du regard expert d’une maison comme Konami pour assurer un degré de finition plus élevé. En résulte un JRPG trop générique et empêtré dans des choix de game design d’une autre époque, pour reproduire l’expérience de jeux qui nous ont jadis enchanté. L’univers imaginé par Yoshitaka Murayama, d’une grande richesse, reste propice à de nombreuses péripéties. Voilà pourquoi on espère que Rabbit & Bear Studios honorera sa mémoire avec une suite, d’ores et déjà prévue, digne de sa légende.
On aime
- La formule Suikoden
- L’évolution du château
- Le recrutement des alliés
- La variété du chara design
On n’aime pas
- Un sentiment de déjà-vu
- Des combats souvent pénibles
- L’ergonomie qui manque de soin
- Le volet musical peu inspiré
Merci d’avoir lu notre test d’Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes sur PC.
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