Test de Starfield réalisé sur Xbox Series X à partir d’une version fournie par l’éditeur.
- Action-RPG
- Développé par Bethesda Game Studios | Édité par Bethesda Softworks
- Xbox Series X | PC – 6 septembre 2023
- PEGI 18 – Entièrement localisé en français
- Toute l’actualité du jeu
Certains créateurs sont indissociables de leurs œuvres et Todd Howard en fait partie. Mais à l’image de son blouson aussi légendaire que vieillissant, les derniers succès de The Elder Scrolls et Fallout ont donné l’impression d’une formule et d’un moteur éculés. Le cador de Bethesda Game Studios a donc annoncé, à l’E3 2018, une nouvelle licence dans un appel à la rupture radicale. Dans son sillage, l’éditeur a orchestré une campagne marketing gargantuesque, trainant une cohorte de superlatifs et de records de planètes à visiter. Depuis ce 6 septembre 2023, tous les regards sont donc tournés vers les étoiles, pour savoir si Starfield est bien la révolution stellaire annoncée sur Xbox Series X et PC… ou un simple « The Elder Scrolls V: Skyrim dans l’espace ».
Test de Starfield sur Xbox Series X et PC
Le jeu se déroule en 2330, à cinquante années-lumière du système solaire, dans un recoin de l’espace appelé les Systèmes occupés. Après la guerre des Colonies, la paix s’avère fragile. À l’issue d’un accident mettant le joueur en contact avec un objet mystérieux, ce dernier s’engage dans le projet Constellation. Cette organisation d’explorateurs vise à récolter des artefacts à même de changer le cours de l’histoire de l’univers.
Un RPG traditionnel avec des ajouts bienvenus
Tout rappelle, au début du jeu, que l’on a affaire à un Bethesda Game Studios, de la longue exposition en suivant un personnage en train de parler, jusqu’à la création de l’avatar. Cette dernière est très sommaire. Les humains constituent la seule race que l’on peut incarner, et les apparences physiques ont fortement vieilli. Starfield n’annonce donc pas la retraite du Creation Engine, fidèle depuis 2011. Il bénéficie d’améliorations et le jeu n’est pas laid à proprement parler. Mais les environnements demeurent ternes et les personnages conservent l’inexpressivité caractéristiques des dialogues de The Elder Scrolls.
Starfield n’est par ailleurs pas exempt de bugs, qui affectent tant les collisions que la validation de quêtes, nécessitant des sauvegardes répétées. L’intelligence artificielle des ennemis a également peu évolué depuis les jeux précédents, donnant lieu à des affrontements aussi loufoques que triviaux. Si on ajoute l’absence totale de mise en scène et la faiblesse des animations, on peine à croire que l’on se trouve face à un jeu de 2023.
Certains ajouts à la recette sont cependant les bienvenus. L’aspect RPG du jeu est certes ténu, avec une personnalisation limitée et des options de dialogue réduites. Mais l’arborescence des compétences se renouvelle. Elle propose un grand nombre d’atouts (jet pack, géologie, maîtrise des fusils…). On les développe selon quatre paliers via des points de compétence mais également des défis à relever. Le système pour convaincre un personnage oblige à choisir des réponses risquées en nombre limité, pour atteindre un score validant le succès. Enfin, si le déplacement stellaire déçoit, les combats en orbite se révèlent amusants, obligeant à jongler entre bouclier et armement pour limiter la casse.
L’exploration est laborieuse
Sur le papier, Starfield propose effectivement la modélisation de galaxies entières, avec des centaines de planètes à explorer à l’envi. En pratique, partir à l’aventure n’a jamais été aussi laborieux vu le nombre de compartiments à traverser. En lieu et place d’un pilotage manuel du vaisseau, on alterne entre le cockpit, mises en orbite et voyage stellaire à planifier entre les destinations. Le tout est accompagné de son lot de chargements. Ces déplacements en première approche sont ensuite substituables à un choix de voyage rapide, mais dans un sens comme dans l’autre, aucune forme de trajet stellaire fluide et satisfaisant n’est possible comme dans No Man’s Sky.
Loin de la folie visuelle des Bespin et Coruscant de Star Wars, les villes n’impressionnent guère esthétiquement, en plus d’être difficilement navigables. Aucune carte n’est proposée et les centres d’intérêt sont peu lisibles. Ainsi, on finit par identifier un ou deux commerces et on se résout à suivre le marqueur de quête. Le scan des planètes pour en connaître les ressources et l’exploration des surfaces, vides du fait de leur génération procédurale, rappelle furieusement les pires moments du premier Mass Effect. On pouvait au moins traverser ces phases en véhicule… Dans Starfield, tout s’explore à pied, donnant lieu à des déambulations surréalistes d’ennui et de frustration, quand s’ajoute à l’équation une taille d’inventaire dérisoire forçant les allers-retours.
Les zones au centre de la trame narrative, travaillées par les équipes de Bethesda Game Studios, s’en sortent mieux tout en étant inégales. Au final, l’exploration se trouve découpée entre plusieurs compartiments séparés de temps de chargement : espace, vaisseau, surface, intérieurs… Cet hyper cloisonnement est le principal frein à l’exploration, incarnant un étrange paradoxe. La zone de jeu n’a jamais été si grande, certes, mais n’a jamais aussi peu poussé à l’exploration.
Des possibilités créatives
D’un autre côté, Starfield offre des options intéressantes pour les joueurs créatifs. La personnalisation du vaisseau est d’une grande richesse, offrant une diversité de modules à positionner où l’on veut, malgré des messages d’erreur particulièrement cryptiques par moment. Il existe de nombreuses options d’artisanat permettant de fabriquer de la nourriture, des soins, et de personnaliser armes et armures. Plus surprenant, des machines mettent à profit la profusion de ressources collectées pour réaliser des structures, des outils et des objets, eux-mêmes exploités dans la création d’avant-postes à installer sur les planètes choisies. La création de base est amusante dès lors que l’on a suffisamment de ressources pour s’y essayer et de compagnons à y assigner, faisant oublier son pendant dans Fallout 4. Tous ces ensembles sont loin d’être lisibles au premier abord, tant les didacticiels sont limités. Mais le potentiel est indéniablement présent.
La liberté cède sa place à l’ennui
La promesse de faire partie d’une grande aventure dans la liberté la plus totale est, sur le papier, plutôt respectée. Les choix opérés lors des rencontres et des missions secondaires permettent d’incarner aussi bien un policier de l’espace qu’un bandit ou un contrebandier, dans un nombre varié de factions, comme promis dans la promotion du jeu. Les ficelles tenant l’édifice fragile du roleplay sont cependant rapidement visibles. Par exemple, certains personnages sont invincibles, tandis que des situations tendues, désamorcées par une simple amende, font pâle figure en comparaison de Baldur’s Gate III. Par ailleurs, cette proposition reste fortement attendue pour un jeu de cette trempe, le Dovahkiin pouvant lui aussi en son temps être voleur, mercenaire ou même vampire.
Dans le cas de Starfield, ces trames secondaires sont l’exutoire inévitable d’une histoire principale remplie de lieux communs et de rebondissements d’une trivialité déconcertante. Aller de McGuffin en McGuffin dans une série de missions strictement identiques et laborieuses, avec des personnages secondaires peu intéressants, est probablement l’échec le plus monumental dans cette nouvelle proposition de Bethesda Game Studios.
Notre avis | 5
Difficile de retirer à Starfield son titre probable de plus grand RPG dans l’espace. Bethesda Game Studios déroule toujours son savoir-faire en termes d’intrigues secondaires, mêlées entre plusieurs factions organiques. On ne boude pas ce plaisir rituel d’une exploration teintée de ramassage maladif de trésors, de-ci de-là. Les gestions de vaisseau et de bases, certes frustrantes et imparfaites, laissent s’exprimer la créativité.
Derrière ces points forts, le constat tombe rapidement : Starfield est d’un classicisme plus prononcé qu’il n’y paraît. En premier lieu, toutes les tares issues des Fallout et The Elder Scrolls (intelligence artificielle, mise en scène) sautent aux yeux. L’hyper cloisonnement des zones de jeu, avec de nombreux chargements à la clé, est un comble étant donnée la promesse d’horizons infinis.
Cet état de fait caractérise déjà une déception en soi, mais Starfield n’est par ailleurs pas un excellent The Elder Scrolls V: Skyrim de l’espace. La faute revient principalement à la génération procédurale des espaces de jeu qui échoue doublement. Les planètes sont vides et le sens de l’orientation du joueur se retrouve flouté. L’histoire principale est par ailleurs d’une banalité et d’un ennui déconcertants, loin de constituer la colonne vertébrale que l’on attend pour une aventure qui s’étend sur plusieurs dizaines d’heures.
Au-delà de ces nombreuses frustrations transparait un potentiel remarquable d’évolution future pour Starfield, en formidable écrin à modding. Mais l’exercice du test juge un jeu sur ce qu’il est, et l’on aimerait que les nouvelles itérations du studio reposent moins sur le talent de sa communauté et plus sur celle de ses créateurs.
On aime
- Les options de créativité
- Certaines trames secondaire
- Des ajouts bienvenus à la formule
On n’aime pas
- La vacuité de la quête principale
- Les bugs
- La faiblesse de l’intelligence artificielle
- Le cloisonnement de l’exploration
- Les soucis non-résolus de la recette
- L’absence de mise en scène
- Les animations des personnages
Merci d’avoir lu notre test de Starfield sur Xbox Series X.