Test de « Tomb Raider I-III Remastered » sur Nintendo Switch. Trois légendes font leur retour à l’occasion d’une restauration entre deux eaux

Tomb Raider, Tomb Raider II et Tomb Raider III, chefs-d'œuvre de Core Design, sont respectivement sortis les 24 octobre 1996, 21 novembre 1997 et 20 novembre 1998.

Test de Tomb Raider I-III Remastered réalisé sur Nintendo Switch à partir d’une version fournie par l’éditeur.

  • Action/aventure
  • Développé et édité par Aspyr
  • PlayStation 5 | PlayStation 4 | Xbox Series X | Xbox One | Nintendo Switch | PC – 14 février 2024
  • Entièrement localisé en français – PEGI 18
  • Toute l’actualité du jeu | de la série

Depuis le 14 février 2024, Tomb Raider I-III Remastered est disponible au téléchargement sur PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Series X, Xbox One, Nintendo Switch et PC à partir de 28,99 €. Cette collection signée Aspyr remet au goût du jour trois immenses classiques des années 90.

Test de Tomb Raider I-III Remastered sur Nintendo Switch

Loin de son aura légendaire, la série Tomb Raider est aujourd’hui en dormance. Malgré plusieurs reboots et remakes, l’héroïne n’est jamais parvenue à récupérer la vedette que lui a volée Nathan Drake. Face à l’émergence d’Uncharted, la série s’est réinventée à l’occasion de Tomb Raider dit « 2013 » qui trône comme l’épisode le plus vendu de toute la saga. Mais après son succès providentiel, les ventes ont de nouveau décliné et la série est passée de main en main.

Ce sont aujourd’hui les trois premiers volets qui ressortent, dans des restaurations fidèles à l’expérience originale mais bénéficiant de fonctionnalités complémentaires. Il est certes difficile d’y voir autre chose qu’une manière de tester les attentes et de se faire remarquer auprès du public. Mais l’initiative est bienvenue tant les premiers jeux paraissent difficiles d’accès. Pour s’ouvrir à de nouveaux joueurs, encore faut-il que la mise à niveau soit à la hauteur.

La toute première trilogie de Tomb Raider et ses extensions

La trilogie initiale de Tomb Raider présente trois histoires d’aventure fortement teintées de surnaturel, complètement distinctes les unes des autres :

  • Tomb Raider I + The Unfinished Business Expansion
  • Tomb Raider II + The Gold Mask Expansion
  • Tomb Raider III + The Lost Artifact Expansion

Tomb Raider I

Le premier épisode oppose Lara à la redoutable Jacqueline Natla, dans sa course pour reforger le Scion, un artefact de l’Atlantide disparue. L’extension Unfinished Business est composée de quatre niveaux supplémentaires, partagés entre l’Egypte et une rallonge du niveau final. Cette aventure a été entièrement retravaillée dans le jeu Tomb Raider: Anniversary, sorti en 2007. Ce remake était lui-même au cœur d’une nouvelle trilogie centrée sur la disparition de la mère de Lara, situé entre Tomb Raider: Legend et Tomb Raider: Underworld. Avec cette compilation, l’épisode fondateur effectue donc un retour aux sources, l’ancien level design étant choisi comme base de travail.

Tomb Raider II

Tomb Raider II amène Lara à la recherche d’une mystérieuse dague chinoise capable de transformer son possesseur en dragon. Mais une mafia vénitienne, dirigée par Marco Bartoli, lui met des bâtons dans les roues. Cet opus, probablement l’un des plus appréciés, représente un aboutissement de la recette développée dans le jeu précédent. L’add-on Golden Mask ajoute cinq niveaux permettant d’explorer une île disputée par la Russie et les États-Unis, à la recherche d’une nouvelle antiquité magique.

Tomb Raider III

Dans le troisième jeu, Lara est sur la piste de plusieurs artefacts issus d’une météorite mutagène, également recherchée par le Docteur Willard et sa multinationale RX-Tech. L’extension Lost Artifact amène Lara à poursuivre son aventure à la recherche d’un cinquième trésor caché au travers de six niveaux, commençant en Écosse.

Une refonte graphique entre deux eaux

Premier constat flagrant : les textures et éléments graphiques ont été complètement retravaillées. La possibilité de changer à la volée d’affichage entre modes classique remaster fait honneur au travail effectué par Aspyr. Certains choix sont très heureux, comme l’ajout de végétation à la place de textures abstraites. De même, les objets de décoration de certaines salles sont plus en relief et mieux détaillés, enrichissant la narration environnementale. On aurait aimé que tous les éléments bénéficient du même soin, comme les colonnes murales du monument St. Francis qui ne font pas illusion. Mais l’ensemble ressort plus vivant, plus riche et plus plausible.

Une lisibilité réduite

D’autres modifications graphiques sont cependant problématiques. On pense à la gestion de l’eau qui, en plus d’être quelconque pour 2024, n’indique pas le sens du courant. Il en va de même pour les sables mouvants. Dans les jeux d’origine, ils étaient représentés par une légère ondulation, remplacés aujourd’hui par des textures fixes. Ce genre de détail, d’apparence insignifiant, est pourtant fondamental dans la lecture du level design d’une saga pleine de torrents, cascades et marais mortels.

De même, l’ajout d’éclairages dynamiques, certes sommaires, sont bienvenus sur le papier. Mais ils s’accompagnent d’un équilibrage des sombres en défaveur de la lisibilité. On en vient à utiliser l’affichage graphique original pour y voir plus clair dans la pénombre, ce qui est un comble. À l’inverse, les décors prévus comme crépusculaires à dessein sont surexposés. On pense notamment aux toits de Londres dans le niveau de la Tamise de Tomb Raider III, ruinant une ambiance pourtant servie sur un plateau doré. Ces points mis à part, le travail abattu reste à saluer.

L’habillage reste archaïque

Les phases en jeu passent en partie l’épreuve du temps via ce travail de dépoussiérage. D’autres aspects demeurent toutefois vieillots. Les illustrations des chargements, par exemple, ne bénéficient pas d’une optimisation satisfaisante. Plus gênant encore, les cinématiques n’ont pas évolué, conservant la compression et le ratio d’époque. Certains y verront le charme désuet de l’ancien, mais un effort aurait pu être apporté pour les remettre au goût du jour, d’autant plus qu’elles sont peu nombreuses dans la saga. Les cinématiques dans le moteur du jeu ont été retravaillées, mais les modélisations des personnages n’en ressortent pas grandies, en particulier avec les bugs de sous-titres systématiques et le framerate qui s’emballe. Dommage.

Autre détail : le menu principal reste très sommaire. Les fenêtres de dialogue manquent d’élégance, et le choix de l’épisode fait sobrement défiler les trois écrans principaux des jeux initiaux. Ce premier accueil reste donc très brut et, si cela n’affecte pas nécessairement le plaisir de jeu, on aurait aimé trouver un menu présentant des options classiques dans une compilation. On pense à des dessins préparatoires, making of, interviews et autres memorabilia.

Des jeux difficiles, même à l’époque

L’aspect graphique vieillissant des jeux originaux est la première chose qui saute aux yeux. Mais une fois la manette en main, l’extrême rigidité des contrôles peut aussi faire grincer des dents. Déjà à l’époque, dompter le manque de mobilité de Lara et l’inertie colossale des sauts n’était pas une sinécure. Ce constat est d’autant plus flagrant que le level design propre à la série est particulièrement retors, avec ses sauts au pixel près, ses sols piégés et ses mécanismes cachés. Finir un Tomb Raider sans code ni soluce relevait de la véritable épreuve de dextérité, et s’y replonger aujourd’hui avec les standards actuels nécessite de s’adapter.

Des contrôles modernes peu adaptés

Heureusement, les trois titres ont bénéficié d’améliorations significatives. En premier lieu, le mode de contrôle classique semble plus fluide qu’avant, aidé par un contrôle libre de la caméra au stick (en affichage moderne), ainsi que les apports d’un stick analogique pour les rotations. Par ailleurs, un mode de contrôle moderne, activable en option, permet de diriger Lara comme dans Tomb Raider: Anniversary.

Cette option est évidemment bienvenue pour les nouveaux joueurs, mais elle ne constitue qu’un confort de façade. En effet, ce mode de contrôle n’est que peu adapté à l’architecture des niveaux. Sur les surfaces planes, il permet effectivement à Lara de se mouvoir aisément. Mais dès qu’il faut jouer avec les descentes d’échelles, se laisser tomber pour se raccrocher aux bordures ou ajuster rapidement un saut dans une direction très précise, le mode classique se révèle mieux adapté. Et ces situations sont omniprésentes, les niveaux ayant été conçus ainsi. Même en combat où les ennemis sont au pressing tout contre Lara, ce mode peut gêner. Et comme il est nécessaire de passer par les menus pour en changer, on en vient à le mettre de côté.

Par ailleurs, la caméra s’avère très capricieuse, notamment dans les espaces restreints ou lors des manipulations de caisses. Le manque d’options de confort se fait sentir sur d’autres aspects que l’alternance des modes de contrôle. Étant donné la fréquence de mort de Lara, des sauvegarde et chargement rapides auraient donné un réel avantage. Comme dans les version PC des années 90, en somme.

Une collection riche en contenus mais non-exhaustive

Comme indiqué plus haut, les extensions sont bel et bien de la partie. Loin de représenter un contenu superflu, ces niveaux, révérés par les fans, sont tantôt inventifs, tantôt difficiles à s’en arracher les cheveux. Certains sont particulièrement mémorables par leur loufoquerie. On pense au jump scare qui accompagne la machine du Loch Ness de Tomb Raider III: The Lost Artifact. Les trois jeux de base étant déjà riches, le contenu offert est donc généreux. Pour autant, il est presque dommage de ne pas y retrouver les deux opus suivants, clôturant l’histoire de Lara. Même si l’on peut comprendre que retravailler cinq jeux mobilise plus de ressources, leur absence se fait ressentir.

Pour le reste, les trois premiers Tomb Raider restent des expériences formidables qui ont marqué toute une génération de joueurs. Chacun est l’occasion d’un petit tour du monde, un appel à la curiosité archéologique et un véritable frisson d’aventure. L’univers ne perd pas son côté pulp, mélangeant sectes millénaires, peuple zombie dans le métro de Londres, Zone 51, mythes chinois… Les affrontements contre des dragons, tyrannosaures et autres dieux égyptiens sont dantesques. Le charme opère toujours, jusque dans les doublages désuets. Reste à signaler que sur cet aspect, comme dans la représentation de certains personnages, des progrès ont été consentis en vingt ans de jeux vidéo. Le racisme ordinaire n’est jamais loin, comme le rappelle l’avertissement au lancement du jeu. Il est préférable que les joueurs l’aient en tête avant de se replonger dans ces artefacts de Core Design.

Notre avis | 7

Note : 7 sur 10.

À l’heure où les restaurations se multiplient, les niveaux d’ambition varient de plus en plus. Il existe par exemple un monde d’écart entre le dépoussiérage paresseux de Chrono Cross: The Radical Dreamers Edition, et la réécriture complète, en trois jeux, de Final Fantasy VII. Dans ce contexte, difficile d’imaginer un projet capable de satisfaire aussi bien les fans de la première heure, souhaitant retrouver l’expérience brute mais remise au goût du jour, et de nouveaux publics, préférant une expérience modernisée de A à Z.

Avec Tomb Raider I-III Remastered, on a l’impression qu’Aspyr visait la première catégorie. Sur cet aspect, le contrat est plutôt bien respecté. S’il manque au moins deux jeux pour ravir tout le monde, la revisite graphique est suffisante pour prendre un peu de hauteur sur l’expérience d’origine. Mais en creusant légèrement, il manque tout de même un travail de finition, de fonctionnalités supplémentaires et des bonus patrimoniaux pour parfaire le tableau.

Par ailleurs, la collection s’effondre dans ses ambitions d’amener un nouveau public vers Tomb Raider. Le mode de contrôle moderne est une fausse promesse, parfaitement inadaptée au level design d’antan, ici conservé. Les menus, les choix de touches et les options de qualité de vie sont trop archaïques pour pleinement correspondre aux standards de 2024. Il reste donc une collection agréable à parcourir pour les vétérans, grâce aux qualités remarquables des jeux initiaux. Mais on attendait plus, côté restauration.

On aime

  • Trois œuvres essentielles de nouveau accessibles
  • La présence des extensions
  • Le traitement graphique qui donne vie à l’univers

On n’aime pas

  • L’absence des quatrième et cinquième épisodes
  • Des ratés dans la restauration graphique
  • Les contrôles modernes sont peu adaptés au level design d’antan

Merci d’avoir lu notre test de Tomb Raider I-III Remastered sur Nintendo Switch.

Lire aussi | Les meilleurs jeux vidéo de 2024. Tous nos tests classés par note

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