Test réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur sur PC (Ryzen 7 3700X, 32 Go de RAM, GeForce RTX 2070 8 Go)
Développé par Toylogic et édité par Square Enix
Sorti le 23 avril 2021 et disponible sur PlayStation 4, Xbox One et PC
Interface | Français / Anglais / Italien / Allemand / Espagnol / Japonais / Coréen / Chinois |
Audio | Anglais / Japonais |
Sous-titres | Français / Anglais / Italien / Allemand / Espagnol / Japonais / Coréen / Chinois |
Réduire NIER à « l’épisode qui précède le légendaire Automata » est un raccourci que l’on considère irrespectueux envers le grand jeu de rôle qu’il est. Comme le révélait Yoko Taro dans un entretien accordé à Game Informer, Square Enix a vendu plus de 500.000 exemplaires de son action-RPG. Son succès est incomparable à celui de sa suite mais on ne parle pas non plus de marché de niche. Et si les retours de la presse ont semblé globalement mitigés à sa sortie, de nombreux joueurs vouent depuis un culte à NIER et à son créateur.
Plus loin | Test de NieR Replicant ver.1.22474487139… par Firelith sur For What It’s Worth
Aujourd’hui, Square Enix propose une relecture de NIER sous le titre évocateur de NieR Replicant ver.1.22474487139… Avec cette « version améliorée » (Yoko Taro n’osant pas parler de remake), Toylogic enrichit l’expérience grâce à des visuels modernisés, un gameplay fluidifié et du contenu supplémentaire. Tout n’a pourtant pas changé : derrière les nombreuses corrections qu’apporte NieR Replicant ver.1.22474487139… se cache une prodigieuse fidélité au NIER d’il y a onze ans déjà.
NIER existe en deux versions : NieR Replicant et NieR Gestalt. Dans la première, inédite en Europe, on joue le grand frère d’une enfant malade ; dans l’autre, on incarne son père. NieR Replicant ver.1.22474487139… met donc le joueur dans la peau du grand frère à la recherche d’un remède pour la petite Yonah. Celle-ci souffre de nécrose runique, une maladie a priori incurable. Mais tandis qu’il explore le monde postapocalyptique qui entoure son village, le protagoniste découvre Grimoire Weiss, un grimoire flottant, magique et curieusement volubile qui confère au joueur de nombreux sortilèges.
La mémoire biaise souvent l’appréciation du travail de modernisation. Mais comme avec The Legend of Zelda: Ocarina of Time 3D, il suffit de mettre côte-à-côte remake et version d’origine pour constater l’évolution graphique. Pourtant extrêmement fidèle aux versions PlayStation 3 et Xbox 360, NieR Replicant ver.1.22474487139… bénéfice grandement du soin apporté aux visuels. On a souvent pointé NIER du doigt pour sembler issu de la génération précédente, mais il est désormais affiché en 4K et à 60 FPS. La palette de couleurs est toutefois l’air légèrement différente, tout comme les modélisations pour qu’elles paraissent plus cohérentes avec Nier:Automata.
Le glow up s’applique également au volet sonore avec une bande-son réorchestrée qui accueille même de nouveaux morceaux. Déjà merveilleuse à l’époque, on n’hésite pas à la qualifier de sublime aujourd’hui. Pour accompagner les échanges entre les personnages, tous les dialogues sont désormais enregistrés par les doubleurs d’origine. On a en plus le choix entre les pistes japonaise ou anglaise. Cette dernière a notre préférence dans la mesure où les discussions pendant les combats sont nombreuses et, dans le feu de l’action, il peut s’avérer difficile de suivre les sous-titres.
Sur ce point, les développeurs se sont très largement inspirés de PlatinumGames et du système en vigueur dans NieR:Automata. NieR Replicant ver.1.22474487139… fait montre d’une grande souplesse avec une esquive étonnamment légère, une contre-attaque intuitive et la possibilité de se glisser derrière un ennemi d’une simple roulade. La possibilité de verrouiller un adversaire et la portée de l’Explosion Obscure, le tir continu qui donne à NIER des airs de shooter, en font un jeu moins exigeant mais furieusement dynamique.
Les joueurs qui souhaitent profiter uniquement de l’histoire peuvent d’ailleurs opter pour le mode automatique : celui-ci permet de vaincre les boss sans même poser le doigt sur la manette. Cela rend NIER accessible à quiconque n’est pas à l’aise avec les jeux vidéo, mais il s’avère aussi précieux pour ceux qui souhaitent découvrir l’ensemble des fins sans devoir combattre les mêmes ennemis, encore et encore.
Dans sa globalité, NieR Replicant ver.1.22474487139… est infiniment plus agréable à parcourir avec des temps de chargement largement réduits, un personnage qui sprinte après quelques foulées et le fameux sanglier devenu plus docile. Dans une quête secondaire disponible très tôt dans NIER, le joueur est amené à combattre un sanglier géant et peut, dès lors, chevaucher ses semblables pour traverser les plaines à toute vitesse. L’animal répond ici au doigt et à l’œil et réduit considérablement le temps perdu à réaliser des allers-retours pour livrer un colis fragile, par exemple.
NieR Replicant ver.1.22474487139… propose globalement le même contenu que NIER (contenus additionnels de la version 2010 inclus), si ce n’est l’ajout d’un arc scénaristique parfaitement intégré au deuxième acte et une nouvelle fin. Sans vouloir faire subir un affront à qui que ce soit, en revenant sur un jeu maintes fois et mieux expliqué que dans notre modeste article, NIER propose de multiples fins pour mieux comprendre son univers, dont on refuse de parler dans ce test pour ne rien divulgâcher. Pour les obtenir, le joueur doit recommencer plusieurs parties en New Game+ à partir du milieu de l’aventure environ.
Dans sa construction, NIER n’a finalement pas du tout changé. On retrouve notamment ses soixante-dix quêtes annexes dont certaines sont illustres pour les mauvaises raisons. On pense à l’obligation de pêcher deux dizaines de sardines pour deux quêtes différentes, ou le volume de backtracking nécessaire pour toutes les accomplir. Nombre d’entre elles n’est de toute façon plus disponible dès lors que l’on passe la moitié du jeu. Mais bien plus que manquer de temps, on manque finalement et cruellement d’enthousiasme, à la longue.
D’un autre côté, on retrouve une campagne parfaitement rythmée et passionnante de bout en bout. Son récit se dévoile petit à petit grâce à des personnages inoubliables, dont Kainé, autant remarquable par sa tenue légère que son langage fleuri, et Émile dont le pouvoir transforme tout ce qu’il voit en pierre. Mais au-delà d’une intrigue étalée sur vingt heures environ au cours d’un premier run, la variété de gameplay fascine toujours. NIER s’aborde comme un jeu de rôle, il devient ensuite un beat’em up. Soudain, sans que l’on ne s’en rende compte, il se transforme en puzzle game puis en TPS. Et l’instant d’après on se croirait dans un Resident Evil avec la rigidité caractéristique des jeux de survie. Les situations sont multiples et ne donnent jamais l’impression d’être insérées au chausse-pied.
NieR Replicant ver.1.22474487139… reste donc NIER, dans ce qu’il a de plus désuet mais aussi dans les fulgurances qui le ponctuent. Rendue plus accessible et disponible sur consoles next-gen et PC, cette version corrige et remplace NIER de 2010 parce qu’il propose une expérience à la similarité troublante, compte tenu de tous les amendements qui ont été apportés. Ce qui change le plus n’est finalement pas tant l’expérience NIER proposée par ce remake que le regard que lui portent les joueurs aujourd’hui.