Test de Live A Live réalisé sur Switch à partir d’une version fournie par l’éditeur.
- JRPG
- Développé par Square Enix et historia Inc. | Édité par Nintendo et Square Enix
- Switch – 22 juillet 2022
PlayStation 4 | PlayStation 5 | PC – 27 avril 2023 - Sous-titré en français – PEGI 12
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Comme d’autres RPG de l’ère Super Famicom, Live A Live n’est jamais sorti du Japon. Dans le troisième tome de The Untold History of Japanese Game Developers, compilation d’interviews menées par John Szczepaniak, on apprend que ses ventes n’auraient pas dépassé les deux cent soixante-dix mille unités. Pourtant, Live A Live est aujourd’hui considéré comme un « classique » de la maison Square au point que l’éditeur lui rende hommage avec un remake complet en HD-2D.
Test de Live A Live
Dans ce premier RPG signé Takashi Tokita (Chrono Trigger), on incarne plusieurs héros à travers l’espace et le temps. Ces chapitres déconnectés n’ont à première vue aucun lien entre eux. Mais chacun dépeint la lutte de multiples individus contre une menace qui prend différentes formes au fil des siècles.
Pourquoi Live A Live est-il si différent des autres RPG de Square Enix ?
La grande originalité de Live A Live vient justement de ces récits hétérogènes. L’un d’eux se déroule pendant la Préhistoire, tandis qu’un autre a lieu à bord du vaisseau spatial d’un futur lointain. Le scénario n’est donc pas habituel, puisqu’il est composé de cette variété d’intrigues de quelques heures chacune. On ne retrouve donc pas le souffle épique d’un récit initiatique dont les studios japonais sont friands. Mais la galerie d’ambiances renouvelle constamment l’intérêt de cette fresque historique.
Chaque chapitre s’accompagne en plus de mécaniques de gameplay différentes. Dans celui du Far West par exemple, le joueur doit fouiller toutes les habitations d’un petit village pour concevoir des pièges et résister à une attaque de bandits. Au cours du déclin de l’ère Edo, on doit infiltrer un château japonais sans être repéré et libérer un prisonnier. Un autre chapitre prend la forme d’un jeu de survie où le petit robot que l’on incarne doit éviter les confrontations avec un puissant Béhémoth.
Et même lorsqu’il propose un gameplay plus classique, comme dans le chapitre du futur proche façon Super Sentai, Live A Live brille par son système de combat. Celui-ci mélange habilement une jauge ATB et des déplacements sur une grille qui rappellent vaguement les Donjon Mystère. Les affrontements s’apparentent parfois à un puzzle game où il convient de battre le leader ennemi pour que tous ses alliés soient submergés. L’aspect stratégique n’est cependant pas si profond car on ne passe que trop peu de temps avec les différents héros pour prendre en main leurs développements.
Quels changements apporte ce remake de Live A Live ?
Le principal changement opéré par historia, Inc. est esthétique. Pour ce remake, le studio a opté pour le moteur HD-2D. Il offre une grande fidélité au Live A Live d’origine puisqu’il permet de reproduire les cartes à l’échelle 1:1, tout en faisant l’usage des sprites de 1994. On reconnaît que cette représentation donne davantage de possibilités de mise en scène. Pour l’occasion, la bande-son est aussi remastérisée sous la supervision de Yoko Shimomura. Comme pour les Final Fantasy Pixel Remaster, le compromis entre la nouvelle instrumentalisation et la fidélité des mélodies séduit.
Live A Live est également plus accessible au détour de ce remake. Différentes options désactivables ont été intégrées pour faciliter la progression. Dans le jeu d’origine notamment, il était parfois difficile de savoir où aller pour avancer, surtout que certaines cartes possèdent un level design complexe. Désormais, un mini-radar indique l’emplacement de l’objectif suivant. Les objets à ramasser dans les décors sont aussi indiqués par de petites étoiles qui scintillent pour attirer l’attention. Un système de sauvegarde automatique réduit enfin la frustration d’un game over chez un joueur qui n’a pas le réflexe d’enregistrer sa progression régulièrement. Mais dans l’ensemble, il s’agit d’un jeu finalement assez facile.
Surtout, Live A Live est disponible pour la première fois hors du Japon. Pour l’occasion, il est entièrement sous-titré en français grâce à une traduction de belle facture. Celle-ci s’avère astucieuse pour reproduire l’humour du jeu d’origine, même si quelques jeux de mots obligent à bien se mouiller la nuque, quand il s’agit de décrire les attaques de la Préhistoire. Avant ce remake, la seule façon d’apprécier le titre en anglais était par l’intermédiaire du patch de traduction d’Aeon Genesis paru en 2001. Autant dire que l’on apprécie particulièrement le soin apporté aux localisations de ce remake.
Ce remake change-t-il profondément l’expérience Live A Live ?
On ne nie pas les qualités de ce remake. Elles permettent de découvrir cet étonnant RPG dans les meilleures conditions possibles. On n’aurait toutefois pas été contre plus de liberté dans le game design. L’expérience est authentique, certes, mais des mécaniques paraissent un peu désuètes aujourd’hui. Par exemple, les cache-cache du futur lointain ne sont pas spécialement passionnants.
Cette absence d’écart entre le jeu d’origine et le remake est symptomatique des studio-tiers. En l’occurrence, historia Inc. n’a peut-être pas osé modifier quoi que ce soit par respect de la vision d’auteur. Mais certaines séquences auraient mérité d’être enrichies ou simplifiées selon le chapitre. On imagine bien sûr que le budget alloué au remake ne permette pas une réécriture complète comme en a bénéficié Final Fantasy VII Remake. Mais sans doute existe-t-il un entre-deux.
Live A Live reste en tout cas un immense classique de Square qui, en dépit de son échec commercial de 1994, a grandement influencé le monde du JRPG. Aujourd’hui encore, les titres ainsi chapitrés sont rares et la proposition est unique. Bonne nouvelle, on peut en profiter avec une facilité d’accès qui est tout à son honneur, tandis que l’on retrouve une expérience quasiment inaltérée. Comme l’ennemi qui tisse sa toile en trame de fond, Live A Live est une aventure que l’on peut désormais apprécier hors du temps.