Test de Cris Tales : un RPG temporel conjugué à l’imparfait

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Test de Cris Tales sur Xbox One

Test réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur sur Xbox One S

Annoncé lors de l’E3 2019, Cris Tales pointe enfin le bout de son nez. S’appropriant les codes du JRPG du début des années 90 et entièrement réalisé en 2D par les studios Dreams Uncorporated et SYCK, Cris Tales présente le risque de n’être qu’un simple hommage aux œuvres dont ils s’inspirent. Le titre propose cependant au joueur de progresser simultanément à travers trois époques différentes, avec comme promesse de légitimer l’énième dépoussiérage d’un genre mille fois revisité.

Cette idée de game design se manifeste dès les premières minutes de Cris Tales : l’orpheline Crisbell se voit dotée de pouvoirs qui lui permettent de visualiser le passé et le futur à tout instant. Devenue mage temporelle malgré elle, ses nouvelles capacités l’amènent au centre d’un conflit d’envergure contre l’Impératrice du Temps, dont l’objectif est de mener le monde au bord de la destruction.

La première réussite des développeurs est de faire passer les aptitudes de Crisbell au premier plan, que ce soit narrativement, visuellement avec un découpage astucieux de l’écran en trois parties, ou en matière de gameplay. L’intrigue progresse à l’aide des informations ou d’objets grappillés par l’héroïne dans le passé ou dans le futur. En donjon toutefois, les capacités temporelles ne sont hélas destinées qu’à maquiller des mécaniques très classiques, comme le contrôle de plateformes ou l’activation d’interrupteurs.

Cette utilisation limitée des voyages dans le temps est néanmoins vite oubliée face au système de combat qui s’appuie avec ingéniosité sur les pouvoirs de Crisbell. L’héroïne peut en effet projeter les ennemis à sa gauche dans le passé, et ceux à sa droite dans le futur. La plupart des adversaires rencontrés ont donc trois formes différentes selon l’époque dans laquelle ils sont envoyés, certaines étant plus faciles à vaincre que d’autres, selon l’équipe à disposition.

Les alliés de Crisbell ont chacun un gameplay spécifique : Christopher est utile pour lancer des attaques élémentaires qui occasionnent de lourds dégâts, tandis que la faible puissance de Willhelm est compensée par ses compétences de soutien, comme l’analyse ou l’empoisonnement de ses adversaires. D’autres personnages rejoignent l’équipe au fur et à mesure de l’aventure, avec chacun leurs avantages et leurs inconvénients. À l’instar d’un jeu de rôle Mario, il est également possible de renforcer ses attaques ou de parer celles de nos opposants en respectant un certain timing.

Cris Tales s’illustre surtout grâce à sa superbe direction artistique et son chara-design réussi. Une attention particulière a été apportée à l’ensemble des personnages, principaux comme non-jouables. Décors, cinématiques, animations : le travail accompli est éclatant, bien que Cris Tales souffre de lacunes techniques sur Xbox One S, comme des temps de chargements trop fréquents et des chutes de frame rate ponctuelles.

Abstraction faite de son habillage qui brille de mille feux et de ses compositions musicales soignées, Cris Tales reste un RPG conventionnel dans sa narration et manque parfois de rythme. Si les capacités temporelles de Crisbell sont plus que limitées pendant l’exploration, elles prennent une tout autre dimension lors des combats. L’élément de gameplay s’avère rafraîchissant et astucieux, faisant de Cris Tales un RPG au tour par tour moins classique qu’il n’en a l’air.

Captures d’écran de Cris Tales