Lire d’abord | « Space Fantasy Zone », mêlant deux shoot ’em up de SEGA, n’a hélas jamais vu le jour
- Shoot ’em up
- Développé par Amusement Vision | Édité par SEGA
- Hikaru – 18 septembre 2000
- Ne comporte pas de sous-titres en français
- Toute l’actualité du jeu | de la série
En 2000, soit douze ans après la sortie de Space Harrier II, SEGA resuscite le shoot ’em up avec un épisode, voire un hors-série, extrêmement différent dans la forme comme dans le fond du désormais classique de Yū Suzuki. Uniquement disponible en arcade, Planet Harriers n’est toutefois pas réalisé par AM2 mais Amusement Vision, sous la direction du non moins emblématique Toshihiro Nagoshi. Il s’agit toujours d’un jeu de tir où l’on contrôle un Harrier dans des environnements futuristes. Mais ses nouvelles mécaniques le rapprochent sensiblement de la série Panzer Dragoon.
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À propos de Planet Harriers
Planet Harriers partage-t-il le même univers que Space Harrier ? Le lieu et la date de l’action ne sont pas précisés mais on ne reconnaît pas Fantasy Zone ou la Terre des Dragons, malgré la présence de ces créatures en tant qu’ennemis. Les damiers symboliques et les arrière-plans évocateurs d’une civilisation lointaine ont disparu. Le monde de Planet Harriers est cependant suffisamment baroque pour laisser de la place à l’imagination. Ce que cet épisode partage avec Space Harrier est néanmoins sa filiation avec Fantasy Zone. Lorsque l’on perd toute sa vie, Opa Opa fait son apparition à l’écran « Continue » pour remettre le personnage sur pied. Par ailleurs, il est même possible d’incarner le petit vaisseau ailé en entrant une commande spéciale au tableau du choix de personnage.
Quatre personnages aux statistiques différentes
Cette fois, on n’incarne plus le Harrier mais quatre personnages différents tous capables de voler. Glenn est un policier équipé d’un six-coups. X est un rockeur disposant d’une guitare électrique. Nick est joueur de baseball et, en tant que tel, il fait l’usage d’une batte. Tandis que Cory est une infirmière qui possède une seringue gigantesque. Avec Planet Harriers, Amusement Vision fait preuve de beaucoup d’autodérision jusqu’au boss final qui prête à sourire. Les contrôles sont les mêmes pour chacun d’entre eux mais leurs statistiques sont légèrement différentes (puissance, vitesse, points de vie etc.), feutrant délicatement l’expérience à chaque run.
Un rail shooter semblable à Panzer Dragoon
Planet Harriers prend la forme d’un rail shooter, un peu à la manière de Panzer Dragoon. Le personnage suit un parcours prédéfini même s’il est parfois possible d’emprunter différents embranchements. Contrairement à la série de Team Andromeda, la caméra est fixe et il est impossible d’observer les environnements à 360°. Le travelling permet quelques surprises, comme lorsque l’on gravit une colline et que des dinosaures la dévalent à toute vitesse. Plus tard, au détour d’un bois, le joueur se retrouve face à un lac surplombé d’une immense tour. Amusement Vision profite des capacités du Hikaru, le système d’arcade sur lequel tourne Planet Harriers, pour soigner ses effets de mise en scène.
Comparée à Space Harrier, la vitesse de défilement est en réalité beaucoup plus lente. On ne peut toutefois pas se contenter de petits mouvements circulaires pour survivre. La prise de risque est en l’occurrence récompensée. Pour combattre, le joueur dispose d’un réticule de visée permettant l’emploi d’un tir continu, d’un verrouillage et de smart bombs en quantité limitée. Par ailleurs, on peut à loisir opter pour une vue à la troisième personne, permettant de profiter des animations des personnages comme lorsqu’ils courent au contact du sol, ou à la première personne pour une meilleure lisibilité.
Des intermèdes commerciaux ponctuent les parcours
Le tir continu sert à se défaire du menu fretin et de quelques objets destructibles dans les décors. Mais ce sont surtout les missiles autoguidés qui sont recommandées pour progresser puisqu’ils permettent d’obtenir de l’or. Comme dans Galaxy Force, le joueur peut verrouiller plusieurs ennemis à la fois et plus la chaîne d’ennemis abattus en une attaque est importante, plus on est récompensé en monnaie sonnante et trébuchante. Représentée par un carburant, cette jauge de verrouillage peut augmenter au fil des niveaux, permettant d’obtenir encore plus d’or.
En effet, comme dans Fantasy Zone et plus particulièrement Space Fantasy Zone, l’étrange mash-up de NEC Avenue qui n’a jamais vu le jour, les parcours sont ponctués d’intermèdes commerciaux. À l’intérieur des Star Shops, il est possible d’échanger son épargne contre des améliorations permanentes et quelques consommables (mallettes de soin, bombes). Ainsi, le joueur peut augmenter ses points de vie, sa jauge de verrouillage mais aussi la taille du réticule de visée. On peut également améliorer la puissance de ses tirs lorsque l’on atteint les derniers niveaux. On doit toutefois effectuer des choix car on peut difficilement tout acquérir en une seule partie.
Planet Harriers favorise le jeu en coop
Une grande différence entre Planet Harriers et Space Harrier est qu’il est possible, même recommandé devant sa grande difficulté, d’y jouer à deux. La borne d’arcade assise présente même deux fauteuils et deux joysticks. Quant aux bornes simples, elles permettaient de toute façon d’y jouer en ligne. Un deuxième joueur peut à tout moment rejoindre une partie, à condition que le premier l’accepte avec un bouton prévu à cet effet. Les avantages de la coopération sont multiples. Quand ils sont proches l’un de l’autre, les personnages peuvent se soigner, réaliser des attaques en commun et concentrer leurs tirs sur une même cible pour obtenir plus d’or encore. Planet Harriers donne vraiment l’impression d’avoir été conçu pour deux. Cela explique peut-être qu’un portage console n’ait jamais été réalisé. Il aurait fallu partager l’écran pour jouer en local.
Un level design et des combats particulièrement soignés
Un run complet dure une quarantaine de minutes environ et se déroule sur cinq niveaux différents et thématiques : une vallée venteuse, une forêt, un canyon de lave, une caverne sous-terraine et l’espace pour finir. Les niveaux ne sont pas spécialement originaux. Mais ils sont très différents les uns des autres avec un level design étonnamment varié pour un shoot ’em up. Par exemple, le joueur doit faire preuve de dextérité pour slalomer entre les arbres de Foreo. Au cours de Lavaa, il est intéressant d’explorer les dessous des parois rocheuses pour y découvrir des caisses d’objets cachées. Bien que l’on ne fasse qu’esquiver et tirer, comme dans Space Harrier en somme, les situations se révèlent diversifiées et les niveaux ne paraissent pas excessivement longs.
On retrouve cette variété dans les combats de boss extrêmement soignés, loin des ennemis très sommaires des épisodes antérieurs. Le premier d’entre eux est statique et prend la forme d’un dragon à cinq têtes. Le deuxième est un œil qui tourne autour du joueur et qui ne sort que ponctuellement pour l’attaquer. Il faut alors le suivre à la trace pour lui tirer dessus au moment opportun. Heureusement, une flèche aide à le localiser. On combat aussi un ennemi circulaire, la signature de Treasure, au cours du troisième stage. Amusement Vision fait un autre clin d’œil appuyé aux créateurs de Gunstar Heroes avec un boss final qui s’en inspire. Les Deadlys sont cent-vingt-cinq cubes qui, ensemble, représentent différentes formes. À chaque fois que l’on détruit l’un d’entre eux, ils se changent en un nouvel objet : une grenade, un escabeau, un scorpion, une arbalète et même un logo Dreamcast.
Une réalisation saluée par la presse
Bien que cette séquence se démarque du reste de Planet Harriers parce qu’elle est excessivement spectaculaire, toute l’expérience est en réalité remarquablement soignée. Lors des premières apparitions de Planet Harriers, sa réalisation exceptionnelle a été largement saluée par la presse spécialisée et les joueurs. On s’en rend évidemment moins compte vingt-et-un ans après. Planet Harriers tourne sur Hikaru, le système d’arcade de SEGA qui s’appuie sur la Naomi et pensé pour Brave Fire Fighters. Il a notamment accueilli Star Wars: Racer Arcade ou Cyber Troopers Virtual-On Force. On peut toutefois regretter l’absence d’un thème musical aussi mémorable qu’à l’accoutumée, pourtant la marque de fabriquer de Space Harrier. De ce point de vue, Amusement Vision tranche radicalement avec AM2. L’ambiance du titre est amplement moins fantastique et le studio donne l’impression de ne pas s’être trop pris au sérieux.
Le challenge de Planet Harriers a peut-être causé l’absence de portage
Pour autant, le défi proposé par Planet Harriers est immense, surtout lorsque l’on joue seul. Très vite, le joueur est submergé d’attaques ennemies et le rythme s’accélère. Malgré ses nombreuses qualités, Planet Harriers a disparu des radars et Toshihiro Nagoshi estime que la grande difficulté en est la principale cause, d’autant plus qu’il était nécessaire d’insérer deux pièces dans le monnayeur de la borne pour acheter un crédit. Malheureusement, aucune révision ou version améliorée ne corrigera cet aspect, l’Amusement Vision étant alors déjà tourné vers d’autres projets, dont Monkey Ball et Virtua Striker 3.
Planet Harriers ne sortira pas non plus sur consoles domestiques. Lors de sa présentation, SEGA annonce une version Dreamcast mais l’arrêt de la production de la console scellera le sort du shoot ’em up, ainsi que de nombreux autres projets, en cours de développement. Des rumeurs circulant un temps ont laissé croire que Planet Harriers pourrait sortir sur GameCube. Mais en vain.
La seule façon de pratiquer Planet Harriers aujourd’hui, si l’on ne possède pas le PCB qui se fait de plus en plus rare en raison de sa grande fragilité, est de se tourner vers l’émulation. Seulement, le seul émulateur compatible avec les jeux Hikaru est DEMUL. Dans sa version 0.7, il ne permet que très partiellement de profiter du titre. Les plantages sont nombreux et ne permettent pas de progresser à coup sûr, et les motifs d’attaque ennemis sont en plus invisibles, rendant Planet Harriers encore plus dur qu’il ne l’est à l’origine. Chaque nouvelle version de l’émulateur améliore cependant l’expérience et il est permis d’espérer qu’une future version se rapproche du rendu de la version arcade. Peut-être que SEGA éditera un portage tôt ou tard, dans une compilation de ses anciens jeux ou dans une édition spéciale, comme ses SEGA AGES.
Le dernier Space Harrier en date
Si l’on excepte Typing Space Harrier qui s’appuie sur le Space Harrier original, et le remake SEGA Ages Series 2500 Vol. 04: Space Harrier, respectivement sortis en 2002 et 2003, Planet Harriers est le dernier épisode original de Space Harrier sorti à ce jour. Cet opus en particulier n’a pas laissé une grande trace dans l’Histoire de SEGA mais la série continue d’être exploitée par l’intermédiaire de différents portages. Qui sait si Space Harrier ne retrouvera pas le feu des projecteurs ? De nombreuses séries disparues un temps ont récemment fait l’actualité, avec le concours de studios extérieurs souhaitant faire revivre les gloires de SEGA : Streets of Rage, Wonder Boy, Panzer Dragoon…
Mais en réalité, les chances pour que SEGA resuscite Planet Harriers sont infimes. Pourtant issu d’une série mythique, réalisé par l’un des plus grands noms de l’entreprise, ce hors-série a connu un échec qui le condamne à l’oubli. Cette curiosité mérite toutefois d’être découverte car elle n’a pas perdu son sens du spectacle. Plus que tout autre épisode, on peut légitimement considérer Planet Harriers comme une attraction à sensations fortes.
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