Test de Pentiment réalisé sur Xbox Series X à partir d’une version commerciale.
- Enquête | Aventure narrative
- Développé par Obsidian Entertainment | Édité par Xbox Game Studios
- Xbox One | Xbox Series X | PC – 15 novembre 2022
- PlayStation 5 | PlayStation 4 | Nintendo Switch – 22 février 2024
- Sous-titré en français – PEGI 16
- Toute l’actualité du jeu
Pentiment a d’abord attiré l’attention grâce à son style visuel tranché et une proposition narrative inédite. On y incarne un artiste dans une abbaye du Saint-Empire romain germanique du XVIe siècle, amené à enquêter sur une série de meurtres. Mais les bandes-annonces nous avaient caché que la proposition ludique serait aussi un marche-pied pour découvrir l’Histoire de l’Europe d’alors. Et comme pour Le Nom de la rose dont il s’inspire manifestement, cette approche s’avère aussi passionnante que complexe.
Test de Pentiment
Andreas Maller est un aspirant artiste, en quête de la réalisation de son Chef-d’œuvre, qui lui permettra de devenir définitivement un artiste officiel. En 1518, il rejoint l’abbaye de Kiersau pour parfaire ses réalisations, non loin de la ville de Tessing. Il y partage le logis avec une famille locale. Un noble important, avec lequel on tisse un lien particulier au début de l’aventure, est assassiné dans le lieu saint. À ses côtés ? Le mentor d’Andreas, les mains ensanglantées. Il est désigné coupable idéal, alors même qu’il n’a pas les capacités physiques pour commettre ce crime. On débute donc une enquête pour disculper ce cher ami.
Comment se déroule l’enquête ?
Des marqueurs temporels, sous la forme d’heures canoniales, rythment la journée de l’enquêteur, comme celle des habitants du village ou de l’abbaye. On se lève par exemple au « Prime », peu après les paysans déjà occupés à leur dur labeur. Puis on se couche au « Complies ». Andreas peut explorer la région à sa guise pour discuter avec tous les personnages, mais certaines actions déclenchent une avancée dans la roue du temps. Celui-ci est limité et le joueur doit choisir des actions judicieuses pour mener à bien son enquête.
Cette dernière est composée de deux phases d’enquête pure, ponctuées par deux repas par jour à partager avec les habitants de notre choix. Au cours des enquêtes, Andreas rend service à des villageois ou à des moines, participe à des mini-jeux, parcourt des lieux inédits. Ces séquences font naitre ou disparaitre les soupçons que l’on a sur tel ou tel suspect. Au cours des repas, on partage le couvert avec une famille de Tessing. On en apprend alors plus sur les ses habitants. Au bout de quelques jours, le couperet tombe. Andreas doit donner un nom à l’autorité compétente pour juger le meurtre. Même si on n’est pas certain de pouvoir rendre un verdict précis, on est obligé de désigner un coupable à exécuter.
Comment Pentiment donne-t-il l’impression de vivre à Tessing ?
Les journées passées à interroger les villageois et les membres de l’abbaye donnent des précisions sur les meurtres. Elles dévoilent surtout de nombreux aspects de la vie à Tessing, des us et coutumes en vigueur, de la dynamique de village… Au bout de quelques heures, on est parfaitement familier avec le nom de famille et le lieu d’habitation de chacun. On est d’ailleurs accompagné par un système d’aide permettant d’identifier les personnages soulignés dans un texte. On peut aussi lire la définition des mots de l’époque de la même manière.
Cela permet d’approfondir les liens que les personnages tissent entre eux. Le forgeron est amoureux de la fille du paysan, mais il n’ose pas lui avouer ses sentiments. Andreas Maller joue donc les entremetteurs avec plus ou moins de succès. Le grand-père de notre hôte n’a plus de public pour raconter ses histoires païennes. On incite sa petite fille, si on le souhaite, à les écouter attentivement. Ces petits moments d’apparence anodine nous font découvrir la vie quotidienne du XVIe siècle, puisqu’on les vit directement.
Peut-on découvrir l’Histoire au travers du jeu ?
Pentiment dévoile beaucoup d’éléments d’Histoire à partir de ses textes. Mais la forme est une partie tout aussi importante de l’expérience. D’ailleurs, quand on discute avec un personnage ou un autre, il écrit lui-même ses propos dans les boîtes de dialogues. Sa plume est plus ou moins raffinée en fonction de sa caste. Si un personnage hésite, l’écriture est tremblante, ou truffée de ratures.
L’aide en jeu, abordé ci-dessus, est illustrée dans un livre religieux d’époque, qui est d’ailleurs au centre du récit. L’ambiance sonore dépouillée peut paraitre austère de prime abord. Mais elle participe à définir son époque. On entend la plume qui gratte les parchemins, le feu qui crépite dans la cheminée, les choppes qui s’entrechoquent à la taverne… Les rares musiques sont généralement religieuses, marquant l’omniprésence de l’Église dans la vie quotidienne, à une époque où son pouvoir commence à chanceler toutefois. Chaque écran est enfin dessiné dans le style des gravures de la Renaissance, pour parfaire le cadre. Obsidian a entrepris un soin tout particulier sur l’ambiance de Pentiment afin d’imprégner le joueur de son environnement.
Notre avis | 7
Au travers de Pentiment, Obsidian Entertainment veut nous raconter l’histoire de Tessing, la vie quotidienne de l’Europe du XVIe siècle, la pression de l’Église sur le peuple, les luttes de pouvoir. L’enquête n’est cependant pas un prétexte. Mais elle passe finalement au second plan, pour peu que l’on ait le courage de surmonter la montagne de dialogues présents intra-jeu. Ils sont traduits en français et se révèlent intéressants pour la plupart. Mais leur quantité peut rebuter ceux qui ne sont venus que pour découvrir le meurtrier. Pentiment peut même sembler un peu long. Il nous a fallu dix-huit heures pour le terminer en essayant de découvrir un maximum d’histoires. Mais on conseille vivement de s’y investir pleinement pour profiter de son travail de documentation titanesque.