Test de « Process of Elimination » sur Switch. Ce roman visuel de Nippon Ichi Software s’inspire des grands succès du jeu d’enquête

Wato Hojo rêve de rejoindre l'élite des détectives du Japon. L'occasion se présente quand il enquête, avec treize pairs, sur un tueur en série tristement célèbre.

Test de Process of Elimination réalisé sur Switch à partir d’une version fournie par le distributeur.

Depuis la France, on ne réalise pas forcément l’activité de Nippon Ichi Software, que l’on associe surtout à ses tactical-RPG, sur la scène du roman visuel. Yoru, Tomosu, Shin Hayarigami 3 ou Asatsugutori plus récemment n’ont pas été localisés en anglais. Mais Process of Elimination, version occidentale de Tantei Bokumetsu, possède des arguments pour séduire hors des frontières du Japon, et pour cause. Sa recette puise ses ingrédients dans les plus grands succès du genre.

Test de Process of Elimination

Wato Hojo et treize autres détectives, membres d’une alliance gouvernementale, se réunissent sur une île qui n’apparait sur une aucune carte afin d’élaborer un plan d’action. Ensemble, ils espèrent mettre un terme aux agissements du « Quartering Duke », un tueur en série qui comptabilise plus de cent victimes à son tableau de chasse. Ce mystérieux avatar apparaît au cours de diffusions en direct pour mettre en scène ses meurtres, par paires.

Process of Elimination
Invoqué par l’alliance des meilleurs détectives du Japon, Wato Hojo est transporté sur une île mystérieuse après un coma de trois jours, enfermé dans un casier en métal.

Process of Elimination s’approprie les codes du roman visuel à succès

Dans la peau d’un aspirant détective, profession qui ne cesse de fasciner le Japon de Famicom Tantei Club: Kieta Kōkeisha à Judgment, le joueur prend en réalité part à ce qui s’apparente à un death game dans un somptueux manoir de l’île. Le groupe enquête épisodiquement sur différents événements, qui surviennent au sein de ce huis-clos, pour désigner les traîtres. Chacun possède un alias représentant sa compétence ou son caractère. Techie est un génie de l’électronique, Armor prend l’apparence d’un authentique chevalier, Bookworm ne s’exprime que comme s’il s’agissait d’une narratrice… Le malheureux Wato Hojo est surnommé « Incompetent », ne possédant pas de talent particulier.

De nombreuses caractéristiques du récit rappellent ainsi Danganronpa. En filigrane, Process of Elimination cite de nombreuses autres références, à commencer par Nine Hours, Nine Persons, Nine Doors puisqu’une enquête inachevée, survenue dix ans auparavant, éclabousse les péripéties du présent.

Mais l’écriture n’est en fin de compte pas à la hauteur des œuvres auxquelles Nippon Ichi Software emprunte. Premièrement, le scénario est extrêmement long à se mettre en place et la première phase d’enquête n’apparaît qu’après deux heures et demie de lecture. Deuxièmement, Process of Elimination est jonché d’incohérences, comme quand le joueur présente une preuve contre le personnage qu’il est justement en train d’utiliser. Troisièmement, la littérature à proprement parler se rapproche du light novel mais nécessite, de toute façon, un excellent niveau d’anglais.

Process of Elimination
Chaque détective représente un archétype de personnage. Downtown est influenceuse et ponctue quelques répliques d’acronymes utilisés sur les réseaux sociaux.

L’union fait la force au cours de phases d’enquête inédites

Le titre se distingue tout de même par ses mécaniques d’enquête inédites. Comme de nombreux jeux narratifs, il présente des phases de gameplay que ponctuent les innombrables tunnels de texte. Wato Hojo dirige alors ses collègues, initialement peu enclins à obtempérer, sur des cartes représentées en vue isométrique. À la manière d’un tactical-RPG, les détectives doivent apprendre à coopérer pour résoudre les multiples affaires. Quiconque possède des statistiques d’analyse élevées épluche les preuves en la possession du groupe. D’autres, plus habiles en déduction, réfléchissent auprès des différents points d’intérêt du chapitre. Certains sont avant tout des alliés capables de renforcer les autres enquêteurs.

Ces phases suscitent d’abord la curiosité mais, à la longue, elles ne tiennent pas toutes leurs promesses. On regrette notamment de ne pas pouvoir réaliser de sauvegarde intermédiaire. Le mystère doit être élucidé dans un nombre de tours imparti, mais il n’est pas rare d’échouer en validant un mauvais positionnement sur la grille de déplacement… ou en tombant dans un piège fatal. Il faut alors recommencer toute la séquence depuis le début. On peut heureusement accélérer les dialogues.

Par moments, Process of Elimination donne aussi l’impression à l’utilisateur d’être davantage spectateur qu’acteur. Pour les besoins du scénario, divers détectives ne font pas entièrement confiance à Wato Hojo et agissent de leur propre chef. À ces occasions, on ressent une passivité inopportune dans la mesure où ces enquêtes sont censées ponctuer de longs dialogues. Très longs parfois. Il faut effectivement compter plus de vingt heures pour déceler tous les secrets du Quartering Duke.

Plus loin | Lire aussi le test de For What It’s Worth

Process of Elimination - Une
Excessivement malchanceux, Doleful attire sans cesse le danger. Il est ainsi très utile pour révéler certains secrets de la carte.

Notre avis | 6

Note : 6 sur 10.

Process of Elimination synthétise les plus grands succès du roman visuel. Death game, archétypes de personnage, mystère ancré dans le passé… Nippon Ichi Software ne nous épargne aucun trope. Son caractère singulier s’exprime au cours d’enquêtes qui se déroulent à la manière d’un tactical-RPG. Ces phases, dont le succès dépend de la coopération entre tous les détectives, ne donnent pas toujours satisfaction hélas. Reste une histoire en mesure de séduire quiconque n’est pas encore rompu aux romans visuels ; les vétérans auront le sentiment de participer à une expérience dont l’originalité s’étiole au fil des imitations.

On aime

  • Les emprunts aux succès du roman visuel
  • L’originalité des phases d’enquête
  • La diversité des personnages

On n’aime pas

  • L’absence de version française
  • L’impression de déjà-vu
  • Les personnages caricaturaux
  • L’ergonomie des enquêtes
  • Les incohérences dans l’écriture

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