Test d’Alan Wake II réalisé sur PC à partir d’une version fournie par l’éditeur.
- TPS | Survival horror
- Développé par Remedy Entertainment | Édité par Epic Games Publishing
- PlayStation 5 | Xbox Series X | PC – 27 octobre 2023
- Entièrement localisé en français – PEGI 18
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Le 22 mai 2013, en marge du lancement de Quantum Break, Sam Lake expliquait qu’une suite d’Alan Wake n’aurait pas lieu en raison de ses faibles performances de vente. Mais l’extension AWE de Control, l’inauguration du Remedy Connected Universe et l’annonce d’Alan Wake II qui a suivi prouvent que Remedy Entertainment n’a jamais abandonné son écrivain vedette dans l’Antre noir. Ce 27 octobre 2023, treize années après son lancement, le thriller psychologique trouve enfin sa conclusion sur PlayStation 5, Xbox Series X et PC. Sous l’égide d’Epic Games désormais, le TPS se révèle plus ténébreux que jamais mais plus ambitieux aussi.
Test d’Alan Wake II sur PC
L’histoire débute treize ans après le premier épisode et la disparition inexplicable du célèbre écrivain Alan Wake. Saga Anderson et Alex Casey, agents du FBI, enquêtent sur une série de meurtres rituels à Bright Falls, où l’auteur s’est justement évaporé. Leur investigation les mène jusqu’aux pages du manuscrit d’une histoire d’horreur dont les événements se réalisent progressivement autour d’eux. Le scénario est signé Alan Wake qui cherche toujours à s’échapper de l’Antre noir dans lequel il est emprisonné depuis tant d’années.
Une suite intimement liée au premier épisode
Faut-il avoir joué au premier épisode pour pleinement apprécier Alan Wake II ? Selon nous, absolument. Fort heureusement, Epic Games a anticipé le coup avec Alan Wake Remastered, disponible depuis le 5 octobre 2021 sur PlayStation 4, PlayStation5, Xbox One, Xbox Series X et PC. Un résumé de l’histoire pourrait suffire, mais ce deuxième jeu cite constamment la richesse de son univers et met en lumière des personnages a priori anodins d’Alan Wake. On ne conseille donc pas seulement d’y avoir joué, mais aussi de bien le connaître pour mieux profiter de cette suite inespérée.
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Cependant, l’histoire reste complexe, y compris pour les vétérans. Pour ne pas trop en dévoiler, disons simplement que plusieurs récits s’entrecroisent et s’influencent. Le concept de la fiction capable de transformer la réalité perdure. La narration éclatée n’aide pas toujours à suivre la chronologie des événements, mais elle offre la possibilité de passer de Saga Anderson à Alan Wake, et vice-versa, auprès de certains points de sauvegarde. L’utilisateur peut donc progresser comme il le souhaite : en bouclant des chapitres d’une seule traite ou en variant les plaisirs dès que l’occasion se présente.
Malgré tout, Alan Wake II n’est pas un jeu d’horreur comme Resident Evil où le cerveau entre en veille au début d’une partie. L’histoire demande un investissement de la part des joueurs. Bonne nouvelle toutefois, tous les dialogues sont doublés en français et on retrouve avec plaisir les voix bien connues du premier épisode dont celle de l’emblématique Pat Maine, animateur de radio locale. Le lore s’invite toujours dans les mille-et-un collectables, des pages de manuscrit aux émissions de télévision que l’on découvre parfois.
Un jeu d’action plus cohérent
Les combats contre les Possédés apparaissent toujours un peu vieillots, comme une marque de fabrique. Mais de nombreuses améliorations de qualité de vie changent la donne, à commencer par la conservation de son inventaire entre les chapitres, ou des raccourcis rappelant le remake de Resident Evil 2. Des fragments de manuscrit pour Saga et des tags apparaissant sous la lumière pour Alan permettent d’ailleurs de faire évoluer leurs compétences, petit à petit. On a donc davantage l’impression que la progression forme un « tout », au contraire des chapitres cloisonnés du premier jeu.
L’aspect psychologique prend aujourd’hui une autre tournure cependant. Chacun des héros possède son antre mental, une sorte de safe place où remettre ses idées en place. En tant qu’agente du FBI, Saga place de nombreuses preuves au mur pour trouver des réponses et se fixer des objectifs parfois. Quand on coince, il suffit de poser ses pièces à conviction et témoignages à plat pour ouvrir une nouvelle voie. L’héroïne possède en outre un don de profilage extrêmement développé qui fait régulièrement émerger de nouveaux éléments.
En tant qu’auteur, Alan possède d’autres talents. Sur certaines scènes, il peut modifier le scénario, transformant l’environnement autour de lui. Ces puzzles, quoique lourds parfois, font sensation quand l’ambiance change du tout au tout. De nombreuses énigmes s’appuient également sur des sources de lumière à déplacer d’un point à l’autre pour modifier la topographie. Les ficelles sont là encore grossières, mais on reste bouche bée quand des pans entiers d’un quartier changent. À ce propos, la lisibilité de la carte est toujours quelque peu confuse en ville, mais sans commune mesure avec Control.
Une mise en scène qui a un prix
Car l’ambiance sylvestre de Bright Falls n’est effectivement plus la seule dépeinte par Alan Wake II. Une grande partie de l’aventure se déroule dans des environnements urbains d’une noirceur sans pareille. Le thriller psychologique d’il y a treize ans apparaît presque bon enfant aujourd’hui. Cet épisode est gore, pesant, épouvantable même quand les personnages affrontent des « boss » au cours des amalgames qui concluent les chapitres.
Pour le coup, Remedy Entertainment n’invente rien et utilise des techniques de mise en scène assez classiques, telles les boucles temporelles qui se dégradent, comme P.T. le faisait. Mais le talent du studio fait la différence avec une alternance entre modélisations 3D et scènes live action, des images subliminales et des décors qui se transforment subitement. Que dire des jeux de regard lors des dialogues parfaitement incarnés ? On ne cesse de s’étonner devant le sens du détail maniaque, de la mine interrogatrice d’Alan au mimétisme de Saga et Casey quand ils sirotent un café. Des scènes se distinguent particulièrement par leur créativité folle, surtout dans le « cauchemar » de l’écrivain. Mais on préfère préserver la surprise.
Et au contraire de ce qu’on pouvait craindre, l’aspect technique fait honneur à ce travail d’orfèvre. Les effets de lumière sont époustouflants et les panoramas en forêt n’ont rien à envier à ceux de Naughty Dog. Quelle claque lorsque le vent balaie la flore luxuriante de Cauldron Lake ! Le revers de cette médaille est un logiciel particulièrement gourmand. Dans nos conditions de test (Ryzen 7 3700X, 32 Go de RAM, GeForce RTX 2070 8 Go), on a souvent constaté un frame rate suffocant même en 1080p, en utilisant les préréglages les moins élevés. La version française souffre aussi d’un mixage audio imparfait malvenu pour un jeu qui mise à ce point sur son atmosphère, de changements de langue impromptus et de sous-titres décalés. Mais qu’importe, rien ne saurait nous sortir de la diégèse tant Alan Wake II s’avère immersif.
Notre avis | 9
On pensait Alan Wake condamné à l’oubli devant le succès relatif du premier épisode. Mais on a finalement droit à un chef-d’œuvre magistral, inimaginable il y a cinq ans à peine. Narrativement complexe mais au lore opulent, nettement plus riche manette en main grâce aux combats modernisés et bénéficiant d’une mise en scène dont Remedy Entertainment a le secret, Alan Wake II entre sans complexe au Panthéon du jeu d’horreur. Plus sombre que jamais et partageant des liens épais avec le premier épisode, il n’est hélas pas destiné à tous les publics. Mais sous l’égide d’Epic Games, le studio a pu réaliser une suite à la hauteur de ses ambitions.
On aime
- La richesse de l’univers
- Des améliorations côté combat
- Les antres mentaux
- Une mise en scène époustouflante
- Graphiquement sublime
On n’aime pas
- Un logiciel extrêmement gourmand
- Les couacs de la version française
Merci d’avoir lu notre test d’Alan Wake II sur PC.
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Vivement les DLC !