Test de « Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres » sur Switch. Cette origin story manque d’ambition pour séduire au-delà du cercle des meneurs de monstres

Le dernier épisode développé par TOSE remonte au 24 mars 2016, date de lancement de Dragon Quest Monsters Joker 3 sur 3DS, au Japon uniquement.

Test de Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres réalisé sur Switch à partir d’une version fournie par l’éditeur.

Dragon Quest Monsters est de retour avec Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres. Disponible sur Switch depuis le 1er décembre 2023 au prix de 59,99 €, il revisite le passé d’un personnage emblématique de la série. Avec TOSE aux commandes, le studio derrière la plupart des épisodes de cette sous-série, on espérait toutefois plus de soin concernant la réalisation.

Test de Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres sur Switch

Le bien-nommé « Prince des ombres » n’est autre que Psaro l’Exterminateur, antagoniste charismatique de Dragon Quest IV : L’Épopée des élus. Né de l’union du Maître des monstres et d’une humaine, comment est-il lui-même devenu ce meneur impitoyable ? Une malédiction l’empêchant de verser le sang des monstres, il décide de les rallier à sa cause pour constituer une armée et se venger de son père qui les a abandonnés, sa mère mourante et lui.

Cette origin story permet un nouvel éclairage du passé de Psaro, jusqu’alors teinté de mystère. Mais la narration et la mise en scène se révèlent extrêmement pauvres. En soi, cela n’a rien d’éliminatoire pour un jeu de Dragon Quest Monsters. On aurait cependant aimé beaucoup plus pour un personnage aussi emblématique qui bascule dans le côté obscur. Après tout, un simple marchand itinérant à eu droit à un meilleur traitement à l’occasion des Torneko no Daibōken.

Des décors d’une grande pauvreté

On s’étonne plus généralement de l’aridité des environnements. Il suffit de quelques lits dans un coin de salle ou de paillasses à même le sol pour parler d’auberges. On retrouve aussi ces puits ne comportant qu’un pot à casser, parfaitement communs dans la série, mais plus étranges qu’autre chose de nos jours. Un exemple assez frappant est l’absence de connexions entre les zones. Pour rejoindre l’enclos des monstres, Psaro doit emprunter un téléporteur comme ceux introduits à l’occasion de Dragon Quest II. On n’avait rien à redire en 1988, mais comment s’immerger aujourd’hui dans un univers si peu organique ?

Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres a beau être réalisé en 3D, il s’approprie trop souvent les codes des épisodes Game Boy Color. Mais il n’évite pas la comparaison avec les épisodes plus récents, dont Dragon Quest Treasures, lui-même signé TOSE.

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L’aspect technique est trop austère

La direction artistique est aussi discutable, avec des choix de couleurs criardes, à commencer par le logo du jeu façon « bubble-gum ». Il correspond au moins au monde des sucreries que l’on explore plus tard, au cours de l’aventure. L’aspect technique est en revanche inadmissible : clipping à outrace, framerate instable, textures grossières, freezes de cinq secondes dès lors que l’on recrute un nouvel allié… Dans son test pour But Why Tho? (5 décembre 2023), notre confrère Abdul Saad considère que « la puissance limitée de la Switch est en partie coupable », mais on ne partage pas cet avis. La Switch a bon dos ! Avec l’optimisation adéquate, la console nomade de Nintendo peut afficher Xenoblade Chronicles 3, The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, Red Dead Redemption… Avez-vous d’ailleurs entendu parler de Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée ?

La magie opère tout de même parce que la version française donne satisfaction, l’occasion de nombreux jeux de mots dont Dragon Quest a le secret, et parce que les musiques de Kōichi Sugiyama continuent d’émerveiller. Comme d’autres hors-séries, Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres pioche parmi les morceaux iconiques de la saga, jusqu’à Dragon Quest Monsters Joker, ravivant une multitude de bons souvenirs. La surexploitation de ces bandes-son finira-t-elle par lasser ?

La collection est addictive

Les mécaniques de jeu restent néanmoins addictives, notamment la collection de plus de cinq-cents monstres à recruter. Il faut toujours les « impressionner » pour y parvenir, chaque allié démontrant alors sa force pour augmenter le pourcentage de réussite. D’autres astuces optimisent les chances, comme occasionner quelques dégâts, infliger des changements de statut ou amadouer son ennemi avec un morceau de viande. D’ailleurs, quand le « cador » d’une région est vaincu (champions d’arène, boss…), la réputation de Psaro s’améliore et les ennemis sont plus dociles.

Une excellente idée de TOSE avec Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres est d’avoir introduit le concept des saisons qui s’égrènent. Le printemps, on agrippe des fleurs qui volent souplement sous l’effet de la brise. L’hiver, les lacs sont gelés ouvrant de nouveaux accès dans ces mondes semi-ouverts, quoique compacts malgré tout. En fonction des saisons, la faune diffère avec d’autres créatures à recruter. Le système n’est d’ailleurs jamais contraignant car des consommables accélèrent leur passage. De plus, on finit toujours par obtenir les monstres qui nous manquent par l’intermédiaire de la fusion.

Des monstres hautement personnalisables

Cette dernière reste extrêmement classique pour quiconque a pratiqué les précédents épisodes, mais l’héritage est plus poussé par divers aspects. Quand un joueur ressent le besoin de franchir un palier, il suffit de combiner deux monstres pour en obtenir un de meilleure qualité. Il commence toujours du premier niveau, ce qui s’avère rentable car il engrange, en évoluant, de nombreux points de talents à dépenser. On peut se contenter de fusionner à l’aveugle et ne s’intéresser qu’aux rangs pour former une équipe. Mais pour les meneurs qui apprécient la personnalisation de leurs unités, le système d’héritage se révèle particulièrement pointu.

Chaque monstre possède effectivement des talents (bonus de PV, enfant sauvage, espoir de flamme, occultiste…) qui, en échange de points, évoluent avec des bonus statistiques ou de nouvelles compétences. Un couple transmet justement à sa progéniture trois talents au choix, aux niveaux auxquels ils se trouvent alors. De plus il existe différentes tailles en fonction des associations. Les grands alliés occupent généralement deux emplacements sur quatre, mais ils agissent plusieurs fois par tour, sans compter leur puissance avantageuse. L’utilisateur peut enfin compléter ses réglages en équipant des accessoires aux capacités spéciales, compensant parfois les faiblesses de certains monstres.

Des combats hypnotiques

Voilà pourquoi les combats au tour par tour sont toujours hypnotiques, qu’on laisse les monstres agir seuls ou qu’on leur donne des ordres (ce qu’il est impossible à faire en arène ou dans certains modes de jeu). Pour parfaire ses unités, on n’hésite jamais à provoquer les rencontres. Les ennemis apparaissent sur la carte et une option qui accélère grandement les animations permet d’enchaîner. La difficulté progressive est dans l’ensemble assez douce, notamment parce que les monstres sont soignés dès lors qu’ils passent un niveau. La possibilité de se téléporter dans une zone déjà visitée permet de toute façon de reprendre des forces, au prix d’un simple aller-retour.

Dans ces conditions, à quoi bon former des unités d’élite ? Comme dans les jeux Pokémon, la difficulté progresse grandement dans le post-game qui nécessite davantage de stratégie tout d’abord.

Mais ce sont surtout les modes en ligne, finalement, qui obligent à penser, affiner, reconstruire son quatuor. Divers modes de jeu sont disponibles, aussi addictifs les uns que les autres. On pense aux matchs classés qui répondent à des règles établies par Square Enix, ainsi qu’aux rencontres amicales, plus souples. Les utilisateurs peuvent paramétrer le nombre et la durée des tours, la possibilité de donner des ordres ou de faire des changements… Restent les joutes express où l’on combat automatiquement, à vitesse grand V, trente adversaires d’affilée pour quelques secondes. L’enchaînement ultra-rapide offre des objets, de nouveaux monstres et une grande satisfaction, on doit bien l’admettre.

Notre avis | 6

Note : 6 sur 10.

Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres est-il un rendez-vous manqué ? En attendant Dragon Quest XII: The Flames of Fate, on n’aurait pas été contre un hors-série plus ambitieux. L’année dernière, Dragon Quest Treasures nous a justement enchanté. Mais ce nouvel opus ne satisfait pas pleinement dans son écriture, sa mise en scène et sa réalisation technique. Ce n’est certainement pas là où Dragon Quest Monsters est le plus attendu, mais puisqu’il enrichit l’histoire de Psaro, aussi charismatique qu’emblématique, pourquoi ne pas avoir vu les choses en plus grand ?

Sur l’aspect mécanique au moins, le titre ne déçoit pas. Avec sa personnalisation poussée, addictif quand il s’agit de collectionner les monstres et performant en ligne, Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres s’impose comme l’épisode le plus riche, à ce jour, de cette sous-série. Mais cela suffira-t-il à séduire au-delà du cercle des initiés, d’ores et déjà meneurs de monstres ? C’est notre souhait en tout cas, car on aimerait que cet arc de Dragon Quest entre dans une nouvelle dimension.

On aime

  • L’introduction des saisons
  • La personnalisation pointue
  • Le tour d’hypnose des mécaniques
  • Le jeu en ligne

On n’aime pas

  • L’aspect technique inadmissible
  • La direction artistique discutable
  • La pauvreté de la narration
  • Psaro méritait un meilleur traitement

Merci d’avoir lu notre test de Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres sur Switch.

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