Test réalisé à partir d’une version fournie par Cosmocover sur PC (Core i5-3470, 16 Go de RAM, GeForce GTX 1060 6 Go)
Codéveloppé par Sourena Game Studio et Genius Slackers et édité par Katnappe
Sorti le 30 juillet 2020 et disponible sur PC
| Interface | Français / Anglais / Allemand / Espagnol / Japonais / Coréen / Polonais / Portugais / Russe / Chinois |
| Audio | Anglais |
| Sous-titres | Français / Anglais / Allemand / Espagnol / Japonais / Coréen / Polonais / Portugais / Russe / Chinois |
« Que vient-il de se passer » est une question que l’on se pose très souvent dans What Happened et particulièrement lors de ses premiers instants. Ce simulateur de marche, présenté comme un thriller psychologique par son éditeur, propose de parcourir l’anxiété et la dépression du malheureux Stiles. Comment s’y prend-on pour dépeindre la maladie mentale en jeu vidéo ? Réponse avec What Happened dont la proposition est aussi sérieuse que convaincante.
Le joueur incarne Stiles, un lycéen américain qui a perdu son père, harcelé à l’école, accro au LSD et dont la compagne est partie avec le meilleur ami. Autant dire que le moral n’est pas au beau fixe et que cela fait beaucoup pour les frêles épaules de ce jeune héros. Alors qu’il perd les clés pour comprendre le monde qui l’entoure, le joueur démarre un long voyage d’introspection en compagnie de « l’Esprit », la partie de Stiles la plus critique envers lui-même.
Cette aventure prend la forme d’un trip aux scènes plus psychédéliques les unes que les autres, de la première à la dernière minute. Le monde est sans dessus-dessous et les développeurs se sont montrés extrêmement créatifs pour que chaque lieu visité soit mémorable : lumières, architecture, effets spéciaux, level design… Si What Happened ne brille pas techniquement, il le fait grâce à son aspect visuel hallucinant d’ingéniosité.
En tant que simulateur de marche, le gameplay est un peu simple, y compris l’exploration souvent dirigiste. On a même parfois l’impression de tourner en rond, un choix que l’on comprend parfaitement dans la mesure où il renforce l’isolement de Stiles. Quelques énigmes – allumer des ampoules principalement – et quelques QTE ponctuent les séquences de What Happened. Mais rien ne se montre particulièrement stimulant, manette en main.
Le moteur pour progresser dans le jeu est clairement la compréhension des tenants et des aboutissants de ce bric-à-brac, qui se dévoilent petit à petit et non sans émotion. Beaucoup de mystères se lèvent au gré des dialogues avec l’Esprit, qui permettent aussi de mieux appréhender les souffrances de Stiles. Au total, trois fins dépendent des choix que l’on fait au cours de la partie. Ou plus précisément et sans divulgâcher : de l’empathie que l’on montre à l’égard de Stiles.
L’expérience offerte par What Happened, qui dure entre 5 et 6 h, est profondément marquante. Elle l’est visuellement mais aussi parce que la détresse du protagoniste est palpable. De ce point de vue, il faut saluer l’immersion particulièrement soignée. L’identification au personnage principal est extrêmement forte. La vue subjective et les nombreuses actions contextuelles donnent l’impression d’être Stiles. C’est d’autant plus troublant lorsqu’une scène cinématique où l’on voit le personnage de « l’extérieur » se déclenche.
What Happened est d’ailleurs une expérience que l’on aurait aimé vivre en réalité virtuelle tant elle est immersive. On ose à peine imaginer l’effet que pourraient avoir les scènes les plus hallucinogènes issues de l’esprit torturé de Stiles. En attendant, l’expérience est déjà suffisamment touchante pour que l’on y pense longtemps après y avoir joué.
