Test de Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness réalisé sur PC et Steam Deck à partir d’une version fournie par l’éditeur.
- Action-RPG
- Développé par Chime Corporation | Édité par Spike Chunsoft et Numskull Games | Distribué par Just For Games
- Sorti le 2 septembre 2022
- PlayStation 4 | Switch | PC
- Ne comporte pas de sous-titres en français
- PEGI 18
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Made in Abyss est pour la première fois décliné sous la forme d’un jeu vidéo avec Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness. On ne cache pas la curiosité qui était la nôtre lorsque Spike Chunsoft a annoncé le titre, dans la mesure où son univers se prête parfaitement à un action-RPG. Malheureusement, la descente dans l’Abysse n’est pas aussi fascinante qu’on l’aurait souhaité, parce que des choix de game design rendent l’exploration plus pénible qu’elle ne devrait l’être.
Test de Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness
En tant qu’adaptation du manga d’Akihito Tsukushi, Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness retranscrit partiellement l’histoire de Riko et Reg. Les deux explorateurs s’aventurent dans les profondeurs de l’Abysse où les artefacts abondent. Cette aventure, identique au scénario d’origine, permet de revivre quelques moments cultes de l’anime… jusqu’à la fin du deuxième palier. Cela correspond à peu près au huitième épisode la première saison.
Une fois ce prélude terminé, le joueur peut alors démarrer son véritable périple dans le mode Deep in Abyss. Il crée alors son explorateur dont l’histoire se déroule en parallèle du voyage initiatique de Riko. La narration est ainsi nettement plus timide. Cependant, les descriptions des ennemis ou les interactions avec des personnages bien connus, dont Jiruo, enrichissent l’univers de Made in Abyss.
Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness est-il fidèle aux œuvres d’origine ?
Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness se révèle donc d’une grande fidélité au manga. On retrouve avec plaisir les personnages, les lieux et les scènes iconiques de l’œuvre d’origine. Il y a bel et bien quelques petites différences, pour que l’histoire soit mieux adaptée à un jeu vidéo, mais les amateurs de Made in Abyss sont en terrain connu.
L’univers se prête d’ailleurs étonnamment bien à un action-RPG, puisque les différents paliers forment des niveaux auxquels on accède au fil de la descente. Le système de sifflets, qui représente la position hiérarchique de l’explorateur, rythme astucieusement la progression. Indépendamment de son niveau d’exploration, le joueur commence alors sifflet rouge, puis passe au bleu et ainsi de suite.

L’ambiance et les mystères de l’Abysse sont également retranscrits à merveille. On imagine sans difficulté les peurs et les peines de ces jeunes explorateurs qui pénètrent dans cet immense gouffre. À ce propos et malgré qu’il soit classifié parmi les PEGI 18, le ton est légèrement édulcoré. On apprécie particulièrement l’absence de fan service, notamment les punitions infligées aux orphelins. La violence qui caractérise l’anime est aussi plus acceptable. Cependant, la boucle de gameplay décrit parfaitement les dangers et la pénibilité de la descente.
L’exploration est-elle aussi difficile pour le joueur que pour les personnages de Made in Abyss ?
En réalité, l’exploration n’est pas aussi fascinante qu’elle pourrait l’être. Tout d’abord, le joueur doit obligatoirement passer par un tutoriel long de trois heures, le mode Hello Abyss, qui gâche un peu le plaisir de la découverte. De plus, celui-ci n’explique que très partiellement les différentes mécaniques. Pour survivre, le joueur doit récolter de multiples ressources et fabriquer des objets et des équipements. Ces facettes ne sont pas détaillées. Au contraire de la première partie, le volet Deep in Abyss met l’accent sur la récolte d’artefacts, permettant d’obtenir des points d’expérience.
Seulement, cette chasse aux trésors tourne au cauchemar en raison de choix de game design qui n’ont d’autre raison d’être que faire souffrir les joueurs. Les armes se cassent trop rapidement. La malédiction de l’Abysse oblige à s’arrêter trente secondes dès que l’on remonte de dix mètres. Le poids du sac devient une plaie. Que dire des ennemis qui spawn à l’infini ? Les mobs n’arrêtent pas d’apparaître hors-caméra et gênent l’escalade, la pêche, l’exploration tout simplement. Les boss sont si robustes qu’on brise souvent son équipement avant de les avoir tués. Certaines créatures sont capables de one shot le joueur. Et tout ceci n’est qu’un florilège des nombreux cailloux qui s’infiltrent dans nos bottes !
En résulte une progression d’une lenteur abyssale, satisfaisante parfois et gratifiante tout de même. On finit par s’en sortir et progresser, avec quelques compétences qui rendent l’exploration plus agréable. On obtient même la possibilité de se téléporter après un certain point, mais cela ne règle que la question des déplacements hélas.
La présentation est-elle à la hauteur de l’anime ?
Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness n’est même pas spécialement attirant d’un point de vue esthétique. On aurait espéré des panoramas dignes de la série, mais on ne s’émerveille jamais. Le titre est en réalité d’une pauvreté visuelle assez rare, surtout après avoir dépassé le deuxième pallier. Malgré ce, le character design ainsi que les environnements sont dans l’esprit de Made in Abyss. Mais on peine quoi qu’il en soit à pleinement s’immerger dans l’ambiance.

Celle-ci est également dissipée par l’habillage sonore. Il n’est pas rare que le personnage principal soit accompagné d’autres explorateurs. Ils ne cessent de répéter les mêmes phrases ad vitam æternam. On est souvent tenté de baisser le volume des voix, quand un bug ne se charge pas de leur clouer le bec, purement et simplement. Les musiques ne convainquent pas pleinement non plus, avec des morceaux qui tapent sur les nerfs, dans les boutiques notamment. Fort heureusement, la majorité de la bande-son invite au voyage, malgré l’absence très remarquée de Kevin Penkin.
Le budget de Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness est en fin de compte souvent trahi par sa réalisation. Malgré son caractère assez pauvre, le titre est commercialisé au même prix qu’un AAA. On reconnaît pour notre part son potentiel, et on a même pris du plaisir à explorer les différents paliers de l’Abysse. Mais il faut accepter avant cela sa présentation qui manque de finition, et tout une série de choix de game design qui donnent l’impression que les développeurs n’ont pas suffisamment testé leur jeu.
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Notre avis | 4
Les œuvres qui se prêtent autant à un jeu vidéo que Made in Abyss sont rares. Pourtant, cette adaptation ne satisfait que partiellement. Certes, Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness retranscrit fidèlement l’univers du manga d’Akihito Tsukushi, mais aussi les souffrances qu’endurent ses jeunes explorateurs. L’enthousiasme du joueur n’est que trop souvent entravé par des choix de game design plus fastidieux les uns que les autres. La fascination de l’Abysse cède alors sa place à la frustration. L’aspect technique empêche enfin de s’émerveiller de panoramas pourtant saisissants en anime, mais de plus en plus génériques à mesure que l’on s’enfonce ici. On reconnaît tout le potentiel de cette immense chasse aux trésors, mais les développeurs semblent avoir manqué de temps et de budget.