Test de « Dragon’s Dogma II » sur Xbox Series X. Le sentiment d’exploration est toujours exalté, mais il reste semé d’embûches

Cette suite est réalisée sous RE Engine, le moteur de la maison Capcom pour ses projets internes.

Test de Dragon’s Dogma II réalisé sur Xbox Series X à partir d’une version fournie par l’éditeur.

Dragon’s Dogma II est disponible depuis le 22 mars 2024 au prix de 74,99 € sur PlayStation 5 et Xbox Series X, contre 64,99 € sur PC. L’action-RPG de Capcom n’a jamais été spécialement réputé pour son accessibilité. Cette suite permet-elle d’élargir la série à de nouveaux publics ?

Test de Dragon’s Dogma II sur Xbox Series X

Le premier Dragon’s Dogma est sorti le 22 mai 2012 sous l’impulsion d’une personnalité-clé de Capcom, Hideaki Itsuno. Conforté dans son succès avec la montée en puissance de Devil May Cry, il s’est vu confier le droit de participer au développement d’une nouvelle licence, Dragon’s Dogma. Issue d’une vision jusqu’au-boutiste et sans concession du jeu de rôle dark fantasy, le titre n’a pas connu un succès comparable aux fers de lance de l’éditeur japonais. Pour autant, il a fédéré une frange de joueurs autour des qualités de cette grande aventure, malgré des lacunes techniques et structurelles. Douze ans plus tard, une suite entre en lice. Son titre, estampillé d’un « II », s’avère teinté d’ambiguïtés cependant, tant la communication officielle assume des ambitions proches du remake. Capcom a donc l’occasion de consolider une formule efficace, en effaçant l’ardoise des nombreux défauts du premier volet.  

Dragon’s Dogma II prend place dans un univers de dark fantasy, où la population est cycliquement confrontée à la menace d’un mystérieux dieu dragon, brûlant tout sur son passage. Tous les espoirs reposent sur l’Insurgé, un être dont le cœur a été arraché par le dragon lui-même. Il est en effet la seule personne capable de rallier à sa cause les pions, des êtres dénués de volonté, naviguant entre les mondes pour combattre le mal. Mais le héros parviendra-t-il au terme de sa mission, tandis qu’un complot de la couronne royale fait émerger un Insurgé fantoche pour le remplacer ?

Un niveau d’ambition esthétique toujours mitigé

Dès la cinématique d’introduction, on constate que la série a peu évolué sur son visuel en douze ans. Les modèles des personnages et leurs animations sont toujours aussi figés et génériques. Le framerate n’est pas au beau fixe non plus, et les couleurs demeurent ternes. Dragon’s Dogma II n’est donc pas le meilleur ambassadeur du remarquable RE Engine.

Mais le manque d’efforts sur la cohérence de l’univers est un point plus gênant. Il est ainsi possible de voler le contenu d’un coffre dans une maison sans que cela n’éveille les soupçons de qui que ce soit, ou de pénétrer le palais royal de nuit au nez et à la barbe de la sécurité. En revanche, casser un tonneau à la marge d’un campement éveille l’agressivité des gardes. Et que dire du kraken, qui apparait à la surface de toutes les étendues d’eau pour tuer quiconque essaie de nager ? Ce prétexte magique pour ancrer les personnages sur la terre ferme est l’une des nombreuses preuves de paresse dans la construction d’un univers cohérent.

Cela contraste avec la rigidité de certaines mécaniques, censées assurer le réalisme, mais qui seront jugées, par beaucoup, comme issues d’un game design archaïque aujourd’hui. En 2012 déjà, ne pas pouvoir se téléporter plus facilement était une source de frustration.  Idem concernant les timings obscurs d’exécution de missions secondaires en temps limité. Il faut toujours débourser des sommes importantes pour rallier quelques points prédéfinis, ou emprunter des charrettes assez peu pratiques. Quant aux vraies sauvegardes, il faut soit payer cher pour une nuit en auberge, soit camper.

Un début de partie difficile

Cette dernière mécanique est une nouveauté de cet épisode, facilitant légèrement l’exploration. À l’image d’un feu de camp d’un Dark Souls, des espaces prédéfinis permettent de reconstituer la santé des personnages, et de cuisiner pour disposer de buffs. À cet effet, il faut tout de même disposer d’une ressource plutôt rare en début de partie, et croiser les doigts pour ne pas être attaqué pendant le repos.

Et ce n’est là que l’un des freins qui accablent la progression d’un joueur néophyte. Les premières heures sont un apprentissage à marche forcée de mécaniques intransigeantes. La moindre sortie de route mène à un affrontement complètement déséquilibré, dont les possibilités de fuite ne sont pas toujours assurées. Il n’existe aucun paramétrage de la difficulté, alors qu’il aurait été facile de moduler la santé des alliés et les dégâts des ennemis. À chaque mort entre deux longs sommeils, le maximum de points de vie du protagoniste est (généreusement) déprécié, mécanique que même FromSoftware a abandonné depuis Dark Souls II.

La carte manque de précision, les collectables sont peu identifiables, la gestion de l’inventaire et de la charge d’équipement est laborieuse. Il serait trop long d’énumérer tous les critères qui rendent l’expérience aussi difficile, voire injuste parfois. La vocation de ce test n’est de toute façon pas de porter un jugement sur ces choix. Mais il est bon d’avoir en tête qu’ils ont pour conséquence de laisser sur la touche un nouveau public qui aurait pu s’intéresser à la licence. Un peu comme y est parvenu Elden Ring en son temps, pour filer la métaphore…

Un contenu d’aventure riche 

Car au-delà de l’exigence des mécaniques de jeu, s’il y a bien un point sur lequel Dragon’s Dogma II se rapproche des Souls, c’est le sentiment de satisfaction extrême lié à l’exploration. Les nouveaux chemins empruntés, les nouvelles grottes explorées, constituent toujours une prise de risque grisante, souvent récompensée par un affrontement épique ou des récompenses gratifiantes. Chaque expédition doit être finement préparée, avec des réserves de soin, de quoi camper, et avec une sélection d’alliés adéquats.

Si l’on peut regretter que les ambitions narratives soient toujours aussi limitées, les prétextes pour sortir des sentiers battus ne changent pas, accompagnés d’un sentiment de satisfaction perpétuel. Les équipes de Capcom ont par ailleurs parfaitement réussi à créer une diversité d’environnements, sans tomber dans le parc à thèmes agrégeant tout et n’importe quoi. Les cryptes, grottes, forêts et villages renouvellent constamment la surprise, tout en conservant l’unité remarquable de cet univers fantastique. Quant aux missions, nombreuses sont celles ayant un réel intérêt, en plus de proposer une progression en cascade de quêtes interdépendantes, enrichissant leurs intrigues. À nouveau toutefois, plus de clarté dans les indices pour les réaliser aurait pu lever un certain nombre de frustrations. 

Plus on est de fous, moins l’on meurt

Le cœur de l’expérience de Dragon’s Dogma II se situe toujours dans son système de pions. À la création de son personnage, le joueur génère également un pion principal, qui l’accompagne tout au long de l’aventure. Il est possible de modifier son équipement, sa classe, tout comme le protagoniste, et ce précieux allié gagne également en niveaux au fil de la progression. Il est d’ailleurs possible de le prêter à d’autres aventuriers, et de lui fournir des missions à réaliser.

Sur les pierres de faille qui parsèment la carte, le héros peut recruter deux pions supplémentaires, à condition de débourser des cristaux de faille si leur niveau est supérieur à celui du personnage. Ces pions ne gagnant pas d’expérience, il est nécessaire d’en changer fréquemment. En cas de jeu en ligne, les pions à recruter sont en réalité ceux créés par d’autres utilisateurs. Ce détail est loin d’être accessoire, puisqu’ils bénéficient de l’expérience de jeu issue de leurs parties. Si l’un d’entre eux a déjà réalisé une quête, il donne par exemple des indications au joueur. Il est également à même de collecter des ressources en fonction de sa connaissance du lieu. Aujourd’hui encore, ce système impressionne par son originalité, son efficacité, tout en servant réellement la curiosité.  

Des affrontements dantesques mais laborieux

Côté combats, les mécaniques ont peu évolué. Dragon’s Dogma II renouvelle la promesse d’affrontements parmi les plus dantesques des jeux d’action, avec des rapports d’échelle inégalés. Un combat contre un petit groupe de gobelins peut rapidement s’interrompre quand surgit une Médusa de quinze mètres de long, pétrifiant tous les malheureux qui croiseraient son regard. En sautant et en s’agrippant à ces colosses, le héros peut se déplacer sur les différentes parties du corps. Frapper des points précis et voir la barre de vie fondre procurent une grande satisfaction. Malheureusement, ces jauges sont toujours trop nombreuses, rallongeant les joutes à outrance. Les échecs sont d’autant plus fatiguants qu’ils peuvent intervenir après un long combat ou une exploration éreintante, qui ne sont alors pas récompensés. La défaite coûte cher, et n’est pas toujours facile à digérer. 

L’utilisateur peut choisir parmi dix classes différentes, à paramétrer en fonction de son évolution. Certaines sont plutôt originales, voire m’as-tu-vu, à l’image du chevalier-mage. Le premier volet comprenait déjà neuf classes, mais moins variées à l’époque. Le système n’a rien de très innovant. Mais il fonctionne parfaitement comme moteur pour renouveler l’expérience de combat. Par ailleurs, avec quatre personnages, les expérimentations sont possibles en combinant les classes entre elles. Cette flexibilité permet de s’adapter à de nombreuses situations.

Notre avis | 7

Note : 7 sur 10.

Difficile de poser un bilan clair au sortir de cette expérience bifide. D’un côté, comment ne pas saluer cette remarquable proposition d’univers fantastique, alternant des joutes dantesques au grand air comme au plus profond de la terre ? Capcom a parachevé son système de pions et de classes pour proposer une aventure épique et passionnante en chaque instant. Néanmoins, les problèmes structurels restent trop nombreux. Narration austère, ambitions graphiques limitées et, surtout, multiplication de microsystèmes agaçants… Ce sont autant de freins à une aventure fluide et agréable. Il est particulièrement dommage que les équipes n’aient pas écouté les griefs des joueurs concernant Dragon’s Dogma: Dark Arisen, tant nombre d’entre eux se présentent à nouveau devant nous.

On aime

  • Une exploration débridée dans un univers bien construit
  • Des quêtes qui ont un sens
  • Des affrontements gargantuesques
  • Les pions, toujours une aussi bonne idée

On n’aime pas

  • Des faiblesses techniques
  • Des combats qui tirent en longueur
  • Encore trop de lourdeur dans les mécaniques
  • Une narration et une immersion au rabais

Merci d’avoir lu notre test de Dragon’s Dogma II sur Xbox Series X.

Lire aussi | Les meilleurs jeux vidéo de 2024. Tous nos tests classés par note

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